Des colombophiles et des utilisateurs norvégiens de Linux se sont lancés dans le transport d’information numérique par pigeon voyageur. À 0,08 Bps, une première expérience probante.
C’est le réseau wireless de transmissions de données numériques le plus simple et le plus radical : il n’emploie que des pigeons voyageurs. En 1990, l’informaticien David Waitzman rédigeait la RFC (Request for Comment) 1149, qui en définissait le principe. Il s’agissait d’un poisson d’avril, et Waitzman n’espèrait sûrement pas que sa blague se concrétise un jour. Mais, relate la BBC, c’est chose faite grâce à l’initiative de deux associations norvégiennes : le club colombophile du Vesta Brevdueforening, et le Blug, le groupe des utilisateurs Linux de Bergen. Le 28 avril dernier, le Blug a mis en œuvre le CPIP (Carrier Pigeon Internet Protocol - Protocol Internet pour Pigeon Voyageur), afin de vérifier que celui-ci était effectivement capable de transporter des données entre deux ordinateurs distants de quelques kilomètres. Les pigeons devaient transmettre une commande "ping" - signal utilisé pour s’assurer qu’un ordinateur auquel on adresse de l’information est bien en ligne, et à même de la recevoir. Pour que la vérification soit probante, l’ordinateur récepteur doit renvoyer le signal à l’ordinateur émetteur.
En l’occurrence, relate la BBC, chaque paquet de données était imprimé sur un petit morceau de papier, roulé et assujetti à la patte du pigeon. Les oiseaux furent lâchés à intervalles de sept minutes et demie. Malheureusement, la rencontre d’un vol de leurs congénères détourna les premiers messagers de leur objectif, et leur fit prendre du retard. Quand, une heure plus tard, ils arrivèrent à destination, les papiers qu’ils portaient furent déroulés, et leur information scannée puis rentrée dans l’ordinateur. À la réception du signal de retour, il fut patent que la vitesse de transmission de données numérique par pigeon voyageur s’établissait 0,08 bits par seconde (Bps). Des tests ultérieurs firent monter cette vitesse à 0,15 Bps. Pour mémoire, un modem rapide travaille à 56 kilobits par seconde. Selon le Blug, de meilleures techniques de correction permettront d’accélérer notablement ce débit : la transmission aérienne d’un e-mail ou d’une page web ne prendra alors guère plus de deux heures...