Un peu d’animation sur le site de la présidence de la République : Jacques Chirac a lancé mercredi 9 mai un forum sur la réforme de l’Union européenne. Cette démarche s’inscrit dans le cadre des préconisations qui figurent dans la déclaration de clôture du sommet de Nice en décembre 2000. Les chefs des 15 ...tats de l’Union y annonçaient un grand débat public sur l’avenir de l’Europe. En France, ce sont les préfectures qui sont chargées d’organiser des réunions dans les départements. Mais le Président a décidé d’occuper le terrain sur le Web en proposant aux internautes de réfléchir à la question sur le site de l’Elysée. Une initiative d’autant plus originale que Jacques Chirac n’est pas plus précurseur en matière d’Internet qu’en matière de construction européenne.L’initiative, par ailleurs, est sans doute plus utile que le forum extrêmement médiocre mis en place par la Commission sur le même sujet, où les participations sont publiées sans que ne soient regroupés ni les thèmes abordés ni les langues employées.

On tire à vue

Reprenant les points mentionnés par la déclaration de Nice, le forum pose cinq questions aux internautes, sur l’avenir de la charte des droits fondamentaux, l’évolution du partage des compétences entre les ...tats et l’Union, la simplification des traités européens, le rôle des parlements nationaux et l’élargissement. "Il s’agit de répondre à la question fondamentale : quelle Europe voulons-nous ?", annonce Jacques Chirac dans un message en vidéo diffusé sur le site. "J’ai moi-même fait quelques propositions", poursuit le Président, qui évoque un possible fédéralisme. Difficile de savoir si tous les citoyens sauront répondre à des questions du type "comment voyez vous la subsidiarité ?". Mais comme l’explique Catherine Colonna, porte-parole de l’...lysée, "les interventions feront l’objet de synthèse et les orientations du débat seront ajustées si nécessaire". Premier à réagir sur cette initiative du chef de l’...tat, François Hollande ne s’est pas privé de tirer à vue. "Est-ce qu’on prend les choses au sérieux ou est-ce qu’on ouvre simplement un site internet ?", s’est interrogé, sur LCI, le patron du Parti socialiste, cité par Associated Press. Le forum de Chirac agace visiblement le gouvernement. À Matignon, on assure que le débat "va se concentrer sur le site du Premier ministre", et on renvoie également sur les pages du ministère des Affaires étrangères et de Sources d’Europe. Mais pas de forum en perspective.

Ce n’est pas très sérieux

Apparemment, tous les mouvements de Jacques Chirac susceptibles d’alimenter une pré-campagne électorale gênent l’équipe Jospin, qui ne souhaite pas s’engager trop tôt dans la bataille. Rien d’étonnant à ce que François Hollande en rajoute une couche, sur le thème des convictions européennes du Président : "Comme il en a changé souvent, c’est logique qu’il les actualise régulièrement." Cela dit, le Parti socialiste ne s’est pas particulièrement distingué, jusqu’à présent, dans l’utilisation d’Internet pour le débat public. Mais, comme semble le penser son secrétaire général, ce n’est peut-être pas très sérieux.