Cendrillon et Blanche-Neige ? Des actrices de série B. Le faon Bambi ? Un has-been ! Car, écrit Wired, de plus en plus de films d’animation se tournent vers des personnages dont l’utilisation commerciale ne posera aucun problème, puisqu’ils viennent directement de la publicité. Mrs. Butterworth (Un sirop dont la bouteille est à l’effigie d’une grand-mère), Monsieur Propre et le Chef Boyardee (un maître queux qui préside au destin de raviolis en boîte) seront les protagonistes de la superproduction dont le budget s’établit à 50 millions de dollars. Charlie the Tuna – la mascotte du thon Starkist – leur donnera la réplique. Des milliers de personnages, évoluant dans des centaines de décors, sont annoncés.
Thème de l’œuvre, titrée Foodfight ! (bataille de bouffe) : ce qui se passe dans un supermarché lorsque de bons aliments deviennent mauvais ."Les allées évoquent les rues d’une ville, et les barils de détergent font penser aux buildings de la 5 ème avenue de New York", déclare à Wired Larry Kasanoff, qui a dirigé et produit le film. Il s’agit d’une supermétropole." Ce n’est pas la première fois que des produits du commerce figurent dans un film d’animation. Toy Story, qui a mis en scène la poupée Barbie et le jouet Monsieur Patate, a repoussé d’un cran les limites du genre. Et si les personnages centraux de Toy Story n’étaient pas a priori merchandisés, ils le devinrent vite avec le sucès du film.
"C’est le prochain pas sur le chemin de l’impudence", a déclaré Gary Ruskin, responsable de Commercial Alert, association fondée par l’avocat consumériste Ralph Nader et vouée à protéger des phénomènes commerciaux les enfants et les communautés. Au contraire, selon Kasanoff, le film Foodfight ! est "très marrant" et ravira grands et petits. Néanmoins, fait remarquer Gary Ruskin, les parents de tous bords politiques et de toutes conditions sociales sont de plus en plus irrités de voir leurs enfants pris pour cibles par les publicitaires.
Réponse de Kasanoff et de la société de production, Threshold entertainment : le film porte un message positif, ses producteurs ont exercé un contrôle absolu sur son contenu, et aucune marque n’a bénéficié pour la circonstance d’un contrat d’exclusivité. Mais les sociétés dont des produits figurent au générique ne sont pas forcément débarrassées de toute anxiété : "Si dans le film, une bouteille de Coca animée se met à éructer des jurons, ça ne me plaira pas", a admis un porte-parole de la firme d’Atlanta. La sortie de Foodfight ! est prévue pour l’été 2002.