Cinq mois après l’annonce tonitruante de son partenariat avec le groupe Arnault, Suez réduit de 168 millions d’euros sa participation dans Europatweb. Ce qui n’empêche pas Gérard Mestrallet et Bernard Arnault de poursuivre leur lune de miel.
Suez et Europatweb se font toujours les yeux doux. Mais comme les temps sont durs, le budget du jeune couple est revu à la baisse. Le groupe de services Suez vient d’annoncer qu’il apportera "seulement" 132 millions d’euros (866 millions de francs) dans Europatweb, le fonds Internet du groupe Arnault. Le 20 novembre dernier, Bernard Arnault et Gérard Mestrallet avaient pourtant annoncé à grand renfort de publicité leurs fiançailles. Au terme de cet accord qualifié alors de "stratégique", Suez devait investir 300 millions d’euros (2 milliards de francs) dans le "nouvel Europatweb " (1). En échange, la filiale Internet du groupe Arnault prenait une participation de 10 % dans la filiale UMTS de Suez. Cette dernière contrôlait elle-même 60 % de ST3G, le consortium mis sur pied avec l’espagnol Telefonica pour décrocher une licence UMTS française.
Information ou nouvel effet d’annonce ?
Voilà pour la théorie. Car dans la pratique, cette annonce tonitruante - destinée à redorer le blason terni d’Europatweb ? - n’a pas été suivie d’effets. Explication officielle : le 24 janvier dernier, Suez a décidé d’abandonner la piste de l’UMTS, trop coûteuse à ses yeux, préférant se concentrer sur le haut débit par câble (via sa filiale Noos). Conséquence, ST3G a fermé ses portes avant même d’exister, fait "qui implique qu’Europatweb n’investira pas dans cette société de communication", selon le communiqué diffusé aujourd’hui par le groupe Arnault. Pas rancunier, Gérard Mestrallet confirme ce vendredi à La Tribune tenir à sa participation dans Europatweb. Même si elle a été ramenée de 33 à 18 %, elle "se justifie comme une tour d’observation et [un] détecteur d’innovations", dit-il. De fait, Suez se retrouve co-actionnaire d’entreprises dotées d’une visibilité non négligeable (Webhelp, Zurban, Wine and Co). Mais aussi des sociétés au succès franchement plus mitigé, telles que le site d’enchères Aucland ou le portail de services aux petites entreprises Ipseo. Ce dernier vient, selon le site societe.com, d’être placé en redressement judiciaire. Curieusement, les groupes Suez et Arnault ont "omis" de communiquer sur ce point.
(1) Le "nouvel Europatweb " comprenait alors les 46 participations de l’"ancien Europatweb", exception faite de Zebank, LibertySurf, E-Luxury et Akka Technologies.