John Palmers, le PDG du site d’achat groupé, lève les millions avec une facilité déconcertante. Malgré des résultats à la baisse, il vient d’obtenir 25 millions d’euros.
John Palmers a décidément une force de conviction exceptionnelle. Le PDG de Letsbuyit, site d’achat groupé, a obtenu 25 millions d’euros supplémentaires (près de 164 millions de francs), le jour même où il a annoncé des résultats inquiétants pour l’année 2000. En effet, si le chiffre d’affaires de la société d’origine suédoise est passé de 2,2 millions (14 millions de francs) à 38,2 millions d’euros (250 millions de francs) en un an, les pertes nettes ont, elles, sextuplé, atteignant 141,7 millions d’euros (près de 930 millions de francs). À se demander si le nouvel investisseur, GEM Group (Global Emerging Markets), un fonds d’investissement américain, a épluché les comptes de Letsbuyit avant de lui accorder cette ligne de crédit, dans laquelle il pourra piocher, selon ses besoins, durant les deux années à venir. Fort de cette manne, John Palmer a assuré que son entreprise atteindrait le seuil de rentabilité au quatrième trimestre 2002. Une confiance incroyable que l’on peut attribuer à son habitude des dénouements de dernière minute et des renversements de tendance.
Rangs clairsemés
Depuis sa création en avril 1999, la vie de la société est en effet loin d’être un long fleuve tranquille. Le 28 décembre 2000, Letsbuyit, à court d’argent, demandait un moratoire pour le remboursement de ses dettes. Sa cotation à la Bourse de Francfort était suspendue dès le lendemain. Après deux mois de tractations, le site européen échappait alors in extremis à la liquidation judiciaire, fin janvier dernier, grâce aux 4 millions d’euros (26 millions de francs) de Kimvestor, l’incubateur d’un ancien hacker allemand douteux. Et enfin, il retrouvait une activité presque normale à la fin février, après avoir réuni 52 millions d’euros (340 millions de francs) au moment où lever des fonds était presque impossible pour les dotcoms. Aujourd’hui, les rangs de la concurrence sont clairsemés. Que ce soit en Europe ou aux ...tats-Unis, le concept d’acheter à plusieurs pour faire baisser les prix n’a jamais été réellement concluant. Dans ces conditions, tout semble possible aux dirigeants de la société. Un plan drastique de réduction des coûts - fermeture de six bureaux en Europe, licenciements de 170 personnes, passage de 1 700 à 150 fournisseurs - a été mis sur pied. Mais le site reconnaît poursuivre "des négociations actives pour une alliance stratégique avec des acteurs européens de la vieille et nouvelle économie". Un aveu de faiblesse ?