L’opérateur nippon reporte la commercialisation de ses services de téléphonie mobile de troisième génération. L’impact sur les résultats de l’entreprise est faible. Mais la décision pourrait fragiliser les acteurs européens du secteur.
L’opérateur japonais de télécommunications NTT DoCoMo a annoncé mardi 24 avril 2001 qu’il repoussait au 1er octobre 2001 le lancement de son offre commerciale de téléphonie mobile de troisième génération (baptisée FOMA), initialement prévu le 30 mai 2001. Officiellement, ce report de quatre mois n’est pas lié à de quelconques problèmes technologiques, bien qu’un porte-parole de la société ait admis la nécessité de tests supplémentaires pour assurer la fiabilité complète du réseau technologique sophistiqué. Le 30 mai 2001 démarrera donc une phase de test à échelle réduite auprès de quelques milliers d’utilisateurs et d’employés de NTT DoCoMo.
Valeurs télécoms bousculées en Bourse
Lors de la séance boursière suivant l’annonce de ce contretemps, le cours de l’action DoCoMo (la plus grosse capitalisation du marché de Tokyo) a perdu près de 5 %. Les titres de Matsushita Communication Industrial Co. Ltd. (MCI) et NEC Corp., deux sociétés qui s’apprêtaient à commercialiser leurs téléphones portables troisième génération, ont aussi reculé. Plus généralement, tous ceux qui ont massivement investi pour préparer la troisième génération devraient trinquer, des opérateurs de téléphonie aux constructeurs de téléphones portables. Beaucoup d’entre eux comptaient en effet sur le savoir-faire technologique et marketing de NTT DoCoMo pour prouver que l’Internet mobile à haut débit pouvait conquérir le public, après la déception du Wap. Néanmoins, les premières réactions des acteurs européens de l’UMTS (la norme européenne de troisième génération) se voulaient plutôt rassurantes, les allemands Mobilcom et Siemens affirmant toujours croire à un démarrage opérationnel de l’UMTS en Europe mi-2002.
NTT DoCoMo n’est pas inquiet
Paradoxalement, c’est peut-être NTT DoCoMo qui souffrira le moins de ce retard. Certes, la société ne fera pas payer aux utilisateurs de la phase de test leur combiné téléphonique 3G ni aucun abonnement mensuel forfaitaire : elle se contentera de facturer leurs minutes de communication et le coût du volume des données téléchargées. Mais ce léger manque à gagner n’a rien de dramatique. En effet, NTT DoCoMo a obtenu gratuitement du gouvernement japonais sa licence pour gérer un réseau de téléphonie mobile troisième génération, contrairement à ses homologues européens qui ont payé leurs licences à prix d’or. Et doivent donc dégager un retour sur investissement au plus vite pour garder la confiance de leurs investisseurs. En outre, malgré ce report, NTT DoCoMo conserve son avance technologique, ses principaux concurrents japonais (KDDI Corp et J-Phone) ne devant pas proposer de services 3G pleinement opérationnels avant le milieu de l’année 2002.
Enfin, NTT DoCoMo s’était fixé des objectifs modestes pour le démarrage de ses services 3G, tablant sur 150 000 abonnés d’ici à la fin de l’année. Un objectif qui ne paraît pas irréaliste quand on sait que l’offre phare de l’opérateur japonais, l’i-mode, disponible depuis deux ans, a déjà conquis 22 millions d’utilisateurs japonais et continue d’attirer plus de 1,5 million nouveaux abonnés chaque mois.