Le ministre britannique de la Santé s’apprête à annoncer deux mesures choc : un projet de loi interdisant explicitement le clonage humain à des fins reproductives et le développement du dépistage des maladies génétiques.
"Il y a des frontières qui ne seront pas ouvertes", a déclaré Allan Milburn, le ministre britannique de la Santé, à propos du clonage humain. Des propos amplement repris et commentés dans la presse outre-Manche. Jeudi 19 avril, devant une assemblée de médecins et de scientifiques réunis au Centre international de la vie de Newcastle, le ministre devrait en effet annoncer la présentation au Parlement, dans les prochains mois, d’une loi interdisant explicitement le clonage humain à des fins reproductives. Une décision importante puisque, jusqu’à présent, aucun pays ne s’est doté d’une loi aussi précise sur le sujet.
En Grande-Bretagne, où le clonage à des fins thérapeutiques est permis, les scientifiques qui souhaitent pratiquer ce type de manipulation doivent au préalable obtenir une autorisation. Une pratique illégale en France, puisque le code civil précise, depuis 1994, qu’il est interdit de modifier les caractéristiques génétiques de l’individu. Le clonage, qui entraîne la substitution du noyau d’une cellule de l’être humain à cloner par un autre noyau, est donc passible de sanctions. "Mais il serait préférable que le terme clonage reproductif apparaisse clairement dans la loi française", souligne Jacques Montagut, médecin-biologiste spécialiste de la reproduction et membre du comité consultatif national d’éthique pour les sciences de la vie et de la santé.
Le dépistage génétique en question
Allan Milburn devrait également indiquer l’augmentation des crédits alloués à la recherche génétique. Les fonds serviront notamment à financer une rapide mise au point de tests de dépistage de certains cancers et d’autres maladies génétiques. " Le nombre de tests génétiques réalisés par les organismes dépendant du ministère de la santé va doubler pour atteindre 100 000 en un an, et le nombre de patients suivis par un généticien augmentera de 80 % en 5 ans ", a précisé le ministre, mercredi 18 avril, devant la presse.
Mais avant même son annonce officielle, ce projet suscite des inquiétudes chez les scientifiques. Si le ministre de la Santé affirme que les résultats de ces tests ne pourront en aucun cas être transmis aux compagnies d’assurance, les journaux anglais s’interrogent tout de même sur les possibles utilisations indélicates de ces résultats : modifications du montant des polices d’assurances, discrimination à l’embauche... De plus, certains scientifiques mettent en doute l’efficacité de ces tests pratiquée chez les adultes. D’une part, parce que la connaissance de certaines maladies chez un patient ne constitue pas une garantie de guérison : la progression de nombreuses maladies génétiques se révèle en effet souvent irréversible. D’autre part, parce que ces dépistages pourraient conduire à des mutilations inutiles. "Il ne faudrait pas aboutir à la situation telle qu’on l’a connue aux ...tats-Unis, rappelle Jacques Montagut, où les tests de dépistage du cancer du sein ont conduit à des ablations massives de seins chez les Américaines. Des interventions inutiles dans bien des cas, car les cancers du sein dus à une prédisposition génétique ne concernent que 8 % des patientes atteintes de cette maladie."