Selon une étude suisse, les gros consommateurs d’Internet sont socialement bien intégrés. La plupart de ceux qui discutent sur le Réseau finissent tôt ou tard par se rencontrer.
Les accros du Net sont-ils nécessairement des êtres en voie de marginalisation ? L’étude réalisée par le Fonds national suisse pour la recherche scientifique (FNS) et présentée jeudi 17 avril à Berne, affirme le contraire. D’après les résultats de cette enquête, réalisée en Suisse entre 1997 et 1999 auprès d’une bonne centaine d’utilisateurs assidus des chatrooms et des forums, le gros consommateur de Web est socialement bien intégré et évolue dans un groupe social de 16 personnes en moyenne. "Nous avons pu constater que les relations en ligne ne menaçaient pas les relations personnelles", notent le professeur Bettina Heintz et Christoph Müller, les auteurs de l’étude.
Homme jeune et célibataire
Pour les personnes interrogées, seules 24 % de leurs relations sociales sont exclusivement virtuelles. Pour le reste, les relations se développent tout aussi bien en ligne que dans le réel. Mais plus de la moitié de leurs relations réelles ont tout de même démarré par une discussion sur le Net. Loin d’appauvrir le tissu social, les auteurs concluent donc que la participation aux forums de discussion favorise l’élargissement de l’environnement social et rend possible les contacts indépendamment des espaces géographiques et des appartenances sociales. L’étude s’est également attachée à voir dans quelle mesure les relations virtuelles se différenciaient des relations classiques. Les relations nouées via le Web seraient en fait beaucoup plus spécialisées. Elles se limitent souvent à un thème, mais avec une plus grande diversité d’interlocuteurs que dans le réel. Par ailleurs, seulement 11 % des relations Internet sont qualifiées de "proches" contre plus de 50 % pour les relations personnelles. Ce qui explique, sans doute, pourquoi il est rare que les contacts en ligne donnent naissance à des groupes d’amis virtuels stables. Enfin, l’étude détermine également le profil du chatter assidu. C’est un homme (89 %), jeune (24 ans en moyenne) et célibataire (66 %). Il a le plus souvent suivi des études supérieures et passe, en moyenne, 18 heures par semaine sur Internet.