Clonés et modifiés génétiquement, les cinq porcelets " mis au point " par l’entreprise américaine PPL Therapeutics sont à la pointe de la biotechnologie. Et en ligne de mire des patients en attente de greffes qui voient en eux un réservoir d’organes sans précédent.
Mathieu Jaboulay jubilerait. Ce médecin lyonnais qui tenta, en 1906, la première greffe - le rein d’un porc sur un homme - se voit aujourd’hui donner raison. A l’époque ce fut un massacre. Nul n’avait alors idée des problèmes de compatibilité et de rejet qui se posent encore aujourd’hui. Mais l’annonce, faite jeudi 12 avril par la société américaine PPL Therapeutics, de la naissance par clonage des premiers porcs transgéniques remet au goût du jour un vieil espoir : greffer des organes d’animaux sur les êtres humains. Cinq petits cochons bien roses sont donc sortis des éprouvettes du laboratoire américain de Blacksburg, en Virginie. Nés de manipulations génétiques in vitro, " ils sont porteurs d’un marqueur génétique étranger " indiquent fièrement les parents. Ce marqueur est une petite séquence d’ADN permettant de vérifier que les modifications génétiques réalisées sur les cellules sont bien présentes dans les organismes qui se développent ensuite.
KO génétique
À terme, le but est d’inactiver par une modification génétique similaire, " le gène spécifique qui conduit le système immunitaire humain à rejeter les organes de porcs " précise le communiqué de PPL Therapeutics. Il existe effectivement un gène dans l’ADN du porc qui code la production d’un sucre bien particulier. Ce sucre apparaît à la surface des cellules de l’organe du porc qui est reconnu comme étranger par l’homme transplanté. Résultat : un rejet suraigu, immédiat, violent et sans appel. Rendre le gène KO permettrait donc de passer cette première étape. D’où l’espoir que cette annonce soulève parmi les milliers de malades en attente de transplantation.
Mais les soucis ne feraient alors que commencer. " Le phénomène de rejet des greffes est extrêmement complexe et ne se résume à la présence d’un sucre ou d’un gène " explique Xavier Vignon, chargé de recherche à l’unité de biologie du développement et de biotechnologies de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique). Il existe aussi un phénomène de rejet à plus long terme, dont on ne maîtrise pas les mécanismes et que le communiqué de PPL Therapeutics passe allègrement sous silence. Tout comme le risque d’existence de retro-virus porcins qui pourraient contaminer les êtres humains lors des greffes. Quant au risque de chopper un caractère de cochon...
Rapport du Conseil de l’Europe sur la xénotransplantation
Site de PPL Therapeutics
http://www.ppl-therapeutics.com/