Pendant deux jours, le gratin de l’industrie musicale était réuni à Barcelone. Au programme, la première édition de Plug-in, un séminaire organisé par l’insitut Jupiter MMXI. Où il s’avère que tout le monde s’aime sur Napster...
"Napster a été un fantastique catalyseur pour nos affaires." Martin Craig, vice-président du secteur nouveaux médias de Warner Music, déclare tout haut ce qu’une majorité des participants à la conférence Plug In de Jupiter MMXI, consacrée à la musique sur Internet, pensent tout bas. Réunis à Barcelone pendant deux jours, artistes, producteurs, maisons de disques et distributeurs ont disserté sur le présent et l’avenir de la musique en ligne. Première constatation, et pas la moins curieuse : tout le monde ne pense que du bien de Napster (surtout dans les couloirs, mais tout de même). Une attitude qui peut surprendre car les mêmes acteurs ont souvent traîné Napster sur les bancs des tribunaux. Mais il est vrai que tous les grands groupes du secteur préparent des clones de Napster, en version payante.
Deux milliards de dollars
Jupiter MMXI a bien évidemment profité de l’occasion pour rendre public sa dernière étude. D’après l’institut d’enquête, 26 % des internautes dans le monde seraient prêts à payer un abonnement à Napster ou à d’autres sites similaires, en échange d’un catalogue important de fichiers musicaux mais aussi des produits (merchandising, des places de concerts ou des disques) à prix réduit. Car, toujours selon cette étude, la vente de CD représenterait 63 % de la vente de musique en ligne en 2006. Seuls 37 % des internautes préférerait télécharger directement leurs morceaux favoris en les payant. Enfin, le chiffre d’affaires de la musique sur Internet pourrait approcher les deux milliards de dollars (15 milliards de francs) dans cinq ans, contre 563 millions de dollars (4,2 milliards de francs) cette année.
Le traître Gabriel ?
Une réunion internationale sur la musique et Internet ne pouvait pas se dérouler sans invité prestigieux. À Barcelone, c’est Peter Gabriel qui a endossé le maillot de guest star. Un rôle que l’ancien chanteur de Genesis avait déjà joué au Midem de Cannes en début d’année. Peter Gabriel est surtout venu dans la capitale catalane pour présenter sa société OD2 (On Demand Distribution), spécialisée dans l’échange de fichiers musicaux payants. Malgré un discours expliquant que la musique en ligne n’est pas gratuite, une partie de l’industrie musicale estime que Peter Gabriel est "passé à l’ennemi" en se lançant seul dans le business de la distribution. Reste à savoir qui est l’ennemi...