Depuis une semaine, les rumeurs de rachat du deuxième courtier en ligne européen vont bon train. Malgré des démentis successifs, Consors aurait toutes les raisons de s’allier avec un grand de la finance.
Karl Matthäus Schmidt, le président de Consors, l’a dit et répété tout au long de la semaine. Sa société, détenue à 70 % par la banque familiale Schmidtbank, ne compte pas abandonner son indépendance. A priori, le deuxième courtier allemand et européen (530 000 clients) n’est pas dans une situation qui l’obligerait à vendre. Malgré les mauvais résultats de sa filiale française (16 millions d’euros de pertes pour 2000), Consors international, la maison mère, a annoncé la semaine dernière un résultat net de 17 millions d’euros, en progression de 15 % par rapport à l’année dernière. En revanche, sur le plan stratégique, Consors aurait tout intérêt s’allier à un grand groupe financier. En effet, en cette période de turbulences boursières, le marché du courtage en ligne connait un fort ralentissement. L’heure est à la réduction des coûts publicitaires et des frais de personnels, et gagner de nouveaux clients coûte de plus en plus cher. Selon plusieurs estimations, l’acquisition d’un nouveau client coûterait ainsi entre 300 et 600 euros.
AXA sur les rangs
Pour atteindre une nouvelle clientèle qui veut aussi du conseil et des produits financiers classiques (assurances vie et fonds de placements), les courtiers en ligne ressentent donc de plus en plus le besoin de s’appuyer sur un réseau d’agences. Certains, comme DAB ou Comdirect, soutenus par l’Hypovereinsbank et la Commerzbank, leurs gros actionnaires, ont même commencé à créer des "centres pour investisseurs". En période de crise, les synergies possibles entre un solide réseau d’agences bancaires et un courtier en ligne apparaissent en tout cas de plus en plus évidentes. Consors, lui, n’est épaulé par aucune banque importante. Un manque qui pourrait, à terme, lui coûter cher. Pour l’instant, le seul candidat avoué au rachat du courtier allemand est le groupe Allianz, nouveau géant de la finance européenne. Pour Allianz, qui vient de racheter la Dresdner Bank et devient ainsi le quatrième groupe "multi-financier" du monde, le rachat de Consors, lui permettrait de devenir le n°1 allemand du courtage en ligne. En effet, la Dresdner Bank possède déjà le courtier en ligne Advance Bank (5 % du marché allemand contre 27 % pour Consors). Mais, selon l’hebdomadaire dominical Die Welt am Sonntag, d’autres candidats tels la Deutsche Bank, l’assureur français Axa ou encore la banque britannique HSBC sont en discussion avec Consors. Dans l’affaire, une seule chose est sûre. Si, malgré tous ses démentis, Consors décide de se vendre, il se vendra cher.