Aux ...tats-Unis, les Web agencies vont mal. La fin de la folie start-up leur est fatale. En Europe, les grosses se préparent à manger les petites.
La cotation au Nasdaq de March First est suspendue depuis le 27 mars. La première web agency mondiale s’apprêterait à licencier 2 000 de ses 7 000 employés et son actionnaire principal, Francisco Partners, chercherait preneur, selon le Wall Street Journal. Autre mammouth du secteur : Pixelpark, société contrôlée par Bertelsmann, a révisé à la baisse tous ses résultats. Alors que l’action Pixelpark est au plus bas depuis son introduction en Bourse en octobre 1999, la société va licencier 60 personnes (240 déjà au second semestre 2000) et fermer des bureaux à l’étranger. Integra, l’une des premières web agencies françaises, vient de faire appel à deux banques d’affaire de trouver un partenaire ou un repreneur. La tourmente américaine viendrait-elle de toucher les côtes européennes ? Consacrées en 2000, les web agencies subiraient-elles le contrecoup du dot-com blues ? En tout cas, la moitié de ces structures seraient actuellement à vendre en Europe. "Attention, sous le terme de web agencies se cachent des sociétés et des compétences bien différentes. Il ne faut donc pas généraliser", modère Denis Lafont, responsable du développement chez Fi System. Entre les sociétés qui n’interviennent que sur certains secteurs, comme le graphisme, l’hébergement ou le marketing ; et celles qui intègrent toute la chaîne, du design à la gestion du nom de domaine, en passant par le développement, il est vrai qu’il est difficile de s’y retrouver. Mais un point fait l’unanimité : celles qui vont s’en sortir sont celles qui peuvent mener un projet de A à Z. "La taille fait le succès. Il faut pouvoir répondre à la demande de tous les clients, gros ou petits. Pouvoir mobiliser 10 ou 80 personnes sur un projet", constate Denis Lafont. Fi System peut aligner 900 personnes dans 5 pays et Valtech 1 000 salariés dans sept ...tats. C’est la fin des petites équipes de designers web ou d’ingénieurs très spécialisés qui rivalisaient, il y a encore un an, avec les gros. "Il y a un mûrissement du marché du service, c’est évident. Comme il y en a eu dans le conseil ou l’ingénierie informatique. Il n’y aura pas la place pour 100 leaders", ajoute Denis Lafont.
La fin de la ruée vers l’or
Mais selon les principaux acteurs, le ralentissement du marché ne sera pas du niveau des ...tats-Unis. "Les situations en Europe et aux ...tats-Unis sont très différentes, car outre-Atlantique, les start-ups ont soulevé un enthousiasme bien autre que celui qu’on a connu ici. Tout est monté très haut, la chute est d’autant plus difficile", assure Mikael Thinghuus, directeur financier de Valtech. La vague start-up, ils l’ont tous attendu et en tous ont profité. "Lors de la ruée vers l’or, les pelles se sont bien vendues", sourit Paul-Emile Cadhilac, directeur du pôle conseil de Business Lab. Les Web agencies ont même été soupçonnées d’avoir abusé d’"entreprenautes", peu au courant des pratiques du marché et plein de cash (au moins au début). Cette explosion fut, de toutes façons, de courte durée. Chez Fi System, au premier trimestre 2000, 25 % des contrats étaient signés avec des start-up, mais plus aucun dès le second trimestre, suite à la chute du Nasdaq en mars. Finalement, les dot-com n’auront jamais représenté une place prépondérante dans le chiffre d’affaires des grandes Web agencies : 8 % chez Fi system, moins de 5 % chez Valtech ou encore 10 % chez CyberOuest. L’année 2001 restera comme une année de transition. Avec la fin de la pression du Web à tout prix, les grandes entreprises repoussent leurs décisions d’aller sur le Web. Ou peaufinent des plans à trois ans. Ou même, font le choix d’intégrer les compétences Web en interne, comme Club-Med. Les courbes de croissance se sont calmées. On ne peut plus se permettre de refuser des projets. Les Web agencies sont retombées sur terre.