Les Suisses vont voter en ligne. En France, des hommes politiques comme Santini, le maire d’Issy les Moulineaux, parlent eux aussi du vote en ligne comme l’une des solutions contre l’abstentionnisme.
Le sujet est délicat. Très. Car il ne s’agit pas ici de technologie, mais de démocratie. Oublions les risques de fraude qui, après tout, existent dans tous les systèmes de vote. Pensons simplement à ce que représente une élection : le moment où les citoyens, ensemble, se prononcent sur leur choix de société. Ensemble. Riches et pauvres. De toutes les classes sociales, de toutes les cultures, de toutes les sensibilités. Depuis que le vote existe, il a lieu à un moment précis, dans un endroit précis : le bureau de vote. Là, les citoyens se déplacent et, dans l’isoloir, glissent un bulletin dans une enveloppe.
Je vais paraître vieux jeu mais je me demande si la démocratie n’a pas, encore, besoin de cette sacralisation du vote. De cette mise en scène. Le vote électronique, à son domicile (où, pour reprendre même les termes de Santini : " n’importe où, dans sa voiture, au bureau... "), ne risque-t-il pas de banaliser un acte important ? Ne risque-t-on pas aussi de rendre le vote de plus en plus simple aux classes aisées (celles qui ont des ordinateurs et des moyens technologiques performants), et pas aux autres ?
Pourquoi, tout simplement, ne pas commencer par un vote électronique dans le bureau de vote ? Oublions les enveloppes, votons en effet par ordinateur, mais dans l’isoloir. Pour avoir les résultats quasi instantanément. Et laissons le vote par correspondance (éventuellement électronique) à ceux qui, pour des raisons objectives, ne peuvent se déplacer jusqu’à l’isoloir (les malades, personnes âgées, etc...).
Il me semble que l’abstention est due à des causes plus profondes que la " difficulté " à voter. Pour une fois, attendons un peu de voir si cela change quelque chose en Suisse, pays où le taux de participation est supérieur au nôtre. Et essayons simplement, avant de parier sur le tout électronique, de sensibiliser plus les électeurs sur la politique, au sens des affaires de la cité.