Faut-il vraiment présenter le FIFI, le Festival international du film internet ? Sa troisième édition a débuté lundi 26 mars à Lille, et se clôturera le vendredi 30. La compétition officielle comprend 20 films de fiction et cinq séries, sur 280 œuvres présentées. Mais le FIFI n’est pas réservé aux seuls professionnels. Pour le Prix du Public, toutes les fictions présentées sont visibles, et le vote en ligne est ouvert à chacun sur le site du Festival.
Vincent-Cyril Thomas, dit Vincy, est le président du FIFI. Interview inaugurale de ce Franco-Canadien cordial et sans chichis, à peine débordé par le succès de sa créature...
Le FIFI 2001 est placé sous le signe du Japon. Pourquoi ?
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L’année dernière, c’était le Portugal et le Brésil. Il y a un fil directeur, puisque les Portugais auraient "découvert" le Japon. Nous avons surtout considéré que ce pays, deuxième puissance mondiale du Net avec ses 21 millions d’internautes, méritait notre attention. Nous aurions pu choisir l’Italie, qui a fait un carton cette année avec l’irruption d’une créativité variée, allant du contemplatif au pur délire satirique. Mais nous avons préféré faire l’effort de nous ouvrir à une culture vraiment différente. Sur 130 millions de Japonais, la proportion d’internautes est relativement faible et il y a assez peu de contenus et de services, malgré l’arrivée de l’i-mode. Mais l’enjeu est intéressant : comment un pays qui a été le leader dans l’animation télévisuelle va-t-il développer son contenu sur Internet ? Et effectivement, il y existe une créativité particulière, à base de vidéo interactive et de scénarios-haïkus. Des fictions comme
Un jour d’automne, qu’on peut voir sur notre site, sont de vrais poèmes vidéo.
Cette troisième édition semble marquer un tournant et un changement de dimension du festival...
Oui, il a pris de l’ampleur. On en voit les signes depuis la semaine dernière : je crains les surréservations ! Rien que pour le forum, il y a déjà au moins 700 personnes accréditées. Les journalistes, au lieu d’écrire leurs articles avant le festival, viennent couvrir l’événement. Et puis, nous constatons que notre crédibilité est en hausse d’après le nombre de propositions faites par les créateurs. L’internationalisation est très nette, avec des fictions slovènes, brésiliennes, néo-zélandaises... Ce sont eux qui viennent nous chercher !
Les réalisations, elles aussi, arrivent à maturité ?
Aujourd’hui, les artistes s’accaparent les outils web pour tenter de donner du sens. Les histoires sont plus variées. On se rend compte que le logiciel Flash peut aussi permettre de réaliser des documentaires. Avec Human Bomb d’Œil pour Œil, la dimension dramatique prend de l’ampleur. Cette année sera vraiment celle de l’avènement du scénario là où l’effet technique avait primé. On observe également une multiplication des références, au jeu vidéo, à l’architecture, à l’art en général...
Et au cinéma ?
Il faut arrêter ce type de comparaison. Le cinéma est une source d’inspiration, rien de plus. Les ambitions ne sont pas les mêmes. Le modèle économique ressemble plus à la télé qu’au cinéma. Nous avons des programmeurs, pas des chefs opérateurs. Le style, le graphisme, et même la vidéo sont tout sauf du cinéma. Sur le Web, les créateurs ont inventé un langage à eux, lié aux contraintes du média, comme le débit. Ils mettent en avant l’animation, qui est un nouveau style. Le digima, comme nous l’appelons, diffère du cinéma par l’usage, le choix du média, et l’emploi des technologies. Je préfère d’ailleurs ce terme de digima à celui de microcinéma, qui désigne surtout les courts-métrages en ligne, et qui est une appellation américaine. Quant à "webfiction", ce n’est pas bête, sauf le jour où ça ne se passera plus en ligne...