Une étude réalisée sur des centaines d’animaux sauvages révèle la présence de PFO, un polymère polluant dont l’américain 3M est le leader mondial.
Des ours polaires aux dauphins du Gange, presque tous les animaux portent dans leur chair des traces d’un polymère courant : le sulphonate de perfluorooctane (PFO), utilisé pour traiter le cuir, le papier, les tapis et les tissus. C’est ce que révèle une étude publiée aujourd’hui par le magazine scientifique anglais Nature. Les chercheurs de Michigan State University ont mené l’enquête à l’aide d’une technique de dépistage de pointe, sur des échantillons de sang prélevés sur des poissons, des oiseaux, des reptiles et des mammifères du monde entier, qui ont tous montré des traces de PFO, spécialement dans les régions urbaines. Les chercheurs américains ont été financés par le groupe 3M, le groupe américain leader mondial de la production de PFO, qui en a arrêté volontairement la production l’année dernière.
Nouveau péril
Le PFO suscite en effet de nouvelles inquiétudes, dont les industriels ont discuté lors d’un sommet organisé en janvier 2001. Les PFO appartiennent à la famille des dérivés organiques fluorés, qui pourraient bien être en fait aussi dangereux que leurs cousins, les dérivés organiques polychlorés, dont fait partie le fameux insecticide DDT. Face à ce nouveau péril, les incertitudes sont grandes : on ne sait pas comment les molécules, pourtant très stables, des PFO se sont retrouvé accumulées dans les tissus animaux. On ne sait pas non plus comment celles-ci peuvent se dégrader et disparaître. Enfin, on ne connaît pas exactement le niveau de toxicité des PFO, qui sont nocives chez le rat mais à des concentrations 1000 fois supérieures à celles décelées dans l’étude. Quand le monde devient un labo géant, c’est gênant de ne pas savoir... Qui vivra verra ?