"N’est-ce pas dangereux si mon enfant surfe sur Internet quatre heures par jour ?" Face à ce genre d’interrogations, de plus en plus fréquentes chez les parents des enfants de la génération internet, Nicholas Negroponte, directeur du MediaLab au Massachussetts Institute of Technology (MIT), répond sans ambiguïté : "Il n’est pas bon qu’un enfant fasse n’importe quelle activité quatre heures de suite. Je remarque néanmoins que l’on ne m’a jamais demandé s’il était bon qu’un enfant fasse quatre heures de piano ou lise un livre pendant plus de quatre heures. Personnellement, je préfère qu’un enfant passe quatre heures par jour sur Internet plutôt qu’avec un livre."
Internet ou le jouet interactif, meilleurs que la lecture ? Pour le patron du MediaLab, qui étudie depuis plusieurs années l’impact des nouvelles technologies sur notre quotidien, le Web, l’électronique appliquée aux jeux et aux jouets et la mise en réseau doivent ouvrir la voie à une éducation radicalement différente : "Pendant les cinq premières années de notre vie, nous apprenons en jouant et en interagissant avec le monde. On laisse tomber un objet, on le pousse, on essaye de comprendre, on apprend. C’est un mode d’apprentissage actif et interactif. Puis, à partir de 6 ans, la méthode change et pendant douze ans, on instruit l’enfant via un professeur, un livre ou un film." Un passage radical d’un mode d’enseignement interactif à un mode passif qui, selon les chercheurs du MIT, devrait s’atténuer progressivement.
Vers une société moins frileuse
Pour Negroponte, l’électronique et les nouvelles technologies de l’information peuvent avant tout aider à réintroduire dans l’éducation des éléments aussi essentiels que la passion, le plaisir et l’interaction. Toutes choses qui aboutissent à l’envie de faire et d’apprendre par et pour soi-même : "Pour ceux qui ont cinq ans aujourd’hui, il sera plus tard évident que nous vivons dans un monde global où l’on doit être acteur et qu’un individu isolé peut faire bouger les choses, qu’il n’est pas insignifiant. Quand on fait les choses avec passion, cela apporte le goût du risque et la confiance en soi. C’est pour cela que je pense que dans 20 ans, nous aurons une société beaucoup moins frileuse."
Quant aux moyens de protéger l’enfant des dangers du Net, comme les contenus violents ou pornographiques, Negroponte ne voit qu’un seul et unique remède : "En définitive, une seule législation fonctionne, même si elle prend beaucoup de temps, c’est l’éducation... Les rues sont aussi dangereuses pour les enfants. Les enfants doivent aussi rapidement comprendre et apprendre qu’ils ne doivent pas être écrasés par une voiture."