Nicolas Gaume a fondé Kalisto en 1990. Le jeune PDG revient sur les mauvais résultats obtenus en 2000 par la société de développement de jeux vidéos.
Vous justifiez vos mauvais chiffres par un accord qui n’a pas abouti avec un opérateur télécom. Est-ce que tout miser sur le on line n’était pas un risque démesuré ?
Nicolas Gurgand |
Que les choses soient claires : je n’explique pas les chiffres par cet accord. Nous avons souffert en 2000 parce qu’on a investi beaucoup sur des jeux
off line originaux. Ceci a été le modèle de Kalisto pendant dix ans et nous a permis de passer de 5 à 100 millions de francs de chiffre d’affaires. Nous avons obtenu cette croissance parce qu’au lieu d’être une structure de développement, nous avons pris des risques en autofinançant des jeux que l’on vendait sous licence à différents éditeurs. Mais le développement prend du temps, et lorsqu’on a commencé à présenter nos jeux en 2000, le marché différait de beaucoup des prévisions initiales. Ensuite, on a fait le pari du
on line, moins gourmand en termes de dépenses, mais avec un potentiel important en termes de recettes. Avec ce contrat, nous pensions effectivement compenser les pertes du
off line en termes de recettes.
Vous nous donnez rendez-vous au 15 avril pour les résultats du premier trimestre. Le sort de vos sept jeux originaux sera-t-il fixé à ce moment-là ?
Je ne crois pas, même si nos discussions auront forcément avancé. On fera surtout le point sur le premier trimestre en montrant, je l’espère, que Kalisto continue d’avoir une activité notamment sur la vente des jeux en sous-traitance. Ce sont des contrats moins rémunérateurs, mais la prise de risque est plus réduite. En ce moment, les éditeurs souffrent, comme nous, et 2001 promet de ne pas être non plus une année extrêmement brillante. Maintenant, tous les analystes constatent que, dès 2002, les ventes vont redémarrer. Nous sommes donc convaincus que nous pourrons, in fine, valoriser notre catalogue.
Vous avez parlé de réduction d’effectifs concernant une trentaine de personnes...
Non. Aujourd’hui, nous avons l’objectif de maintenir les équipes. Elles doivent être en place pour livrer les jeux que nous développons pour le compte de tiers et pour finir nos jeux originaux. Mais, nous allons optimiser nos dépenses, réduire les frais de fonctionnement, les frais de déplacement, fermer des bureaux à l’étranger, comme celui de Chine. Ensuite nous allons pas reconduire les contrats à durée déterminée. Nous ne sommes plus dans une phase de croissance, mais dans une phase de consolidation. Nous devons regagner la confiance des financiers qui ont investi dans Kalisto.
Vous dites regarder toutes les offres qui vous seront soumises. Si Jean-Marie Messier vous fait une proposition de rachat demain matin, quelle sera votre réaction ?
Aujourd’hui, on est ouvert à tout. On pense que Kalisto a un avenir en tant que structure indépendante, créatrice de contenu interactif tant sur le off line que pour le on line. En l’état, on ne peut négliger aucune offre, mais nous privilégirons les offres d’investisseurs minoritaires, soit financiers, soit industriels. Ce qui est important, c’est la pérennité du projet, la confiance des actionnaires et des salariés. Je leur dois des comptes, et je dois être capable d’effectuer les bons choix pour eux. Ce qui s’est passé en 2000 vient du fait que l’on s’est beaucoup exposé aux risques. A posteriori, c’est facile de le dire. A priori, nous avons fait ces choix pour assurer la croissance que la Bourse nous demandait.