Le 18 février dernier, Multimania supprimait, à la demande de l’UEJF (Union des étudiants juifs de France), l’un de ses sites qu’il hébergeait... Le Web néo-nazi "nsdap" affichait en effet des pages à la gloire d’Hitler et des SS, bafouant au passage la Charte des utilisateurs du site de communauté. Aujourd’hui, l’UEJF affirme vouloir poursuivre l’hébergeur. De son côté, Multimania s’interroge sur une possible action en justice contre les auteurs du site. En attendant, cette histoire repose la question sur la responsabilité des hébergeurs. Interview du PDG de Multimania, Michel Meyer.
)transfert
: À titre de défense, vous avez mis
en avant d’autres sites hébergés
par Multimania, comme le Manifeste contre le Front
national. Vous estimez que c’est la meilleure
façon de respecter l’équilibre
sur Multimania ?
Michel Meyer : Je ne nommais ces sites que pour
dire que, même si Multimania
a pu héberger, sans le savoir et de façon
très provisoire, des sites nazis, nous avons
des sites très positifs en face. C’est
tout. Le problème c’est que toute l’équipe
a été attaquée par un discours
de l’UEJF
assez virulent. Ils nous associaient presque au site
nazi, alors qu’on a déjà fait des
éditoriaux anti-Haider etc. On n’a pas
à démontrer notre bonne foi. D’ailleurs,
le truc marrant c’est que même sur le forum
de discussion du site de l’UEJF, la plupart des
messages nous sont favorables. Mais honnêtement,
maintenant l’affaire est close.
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| ©Transfert |
L’UEJF
a déclaré vouloir intenter une action
en justice
contre vous, qu’en est-il ?
-
Pour le moment, nous n’avons aucune nouvelle,
j’espère qu’ils y ont renoncé.
Vous avez également émis l’intention
de porter plainte contre les auteurs du site, les
avez-vous identifiés ?
-Nous avons actuellement un ensemble d’informations
sur les auteurs, mais nous n’avons pas pris de
décision finale. Si nous décidons de
porter plainte dans cette affaire, il est vrai que
nous ferons une exception car la vocation d’un
hébergeur n’est pas de porter plainte
contre ceux qui utilisent ses services.
Cette affaire repose la question de la responsabilité
des hébergeurs. Comment Multimania contrôle-t-il
le contenu des sites qu’il héberge ?
-Tous les membres de Multimania signent une charte
avant de s’inscrire. Cette charte
décrit ce que les utilisateurs ont le droit
et n’ont pas le droit de faire. C’est un
point clé de la responsabilité des auteurs
de sites qu’il faut prendre en compte. Deux personnes
et un juriste interne de Multimania sont chargés
de contrôler a posteriori les contenus des sites.
Mais il est impossible d’être exhaustif,
il nous faudrait 60 personnes à plein temps
pour vérifier tous les sites. Je veux bien
mettre plus de moyens pour cela, mais à condition
que cadre légal soit en place. À ce
propos, Multimania soutient l’amendement Bloche
qui est, me semble-t-il, un bon compromis.
Le contrôle du contenu des sites pose également
le problème du respect de la liberté
d’expression…
-Tout à fait, nous sommes dans la problématique
de la liberté d’expression au sens large.
Pour nous, il est impossible de contrôler tous
les sites. Multimania élimine donc seulement
les pages qui ne respectent pas la charte des utilisateurs
[tout site ou message injurieux, diffamatoire, raciste,
xénophobe, révisionniste ou portant
atteinte à l’honneur ou à la réputation
d’autrui]. Là, on parle de site raciste,
mais identifier un site diffamatoire est encore plus
difficile. Ça peut être le site d’un
boucher qui dit que la viande de son concurrent (en
le citant) n’est pas bonne ; un syndicat virtuel
qui dénonce d’autres sociétés.
Dans ces cas on se positionne comme médiateur.
Si on commence à essayer de choisir quels sites
seront hébergés par Multimania, on devient
alors des censeurs. C’est là tout le problème.
Lindows harcelé