...à l’intoxication
Dans le même genre, le briefing presse donné aux journalistes avance que "le piratage de logiciels aurait entraîné la perte de 109 000 emplois pour les seuls ...tats-Unis". Le chiffre émane d’un rapport de la sont sujettes à caution depuis des années. Le texte distribué à la presse explique aussi que "la criminalité informatique peut perturber le trafic aérien, entraîner des coupures de courant, et porter ainsi atteinte à des infrastructures vitales pour un pays", témoignant ainsi de la propension du Conseil de l’Europe à instiller la peur pour faire passer ses arguments. L’audition de mardi était une initiative de la Commission des questions juridiques et des droits de l’homme de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. On est pourtant plus proche de l’invitation à la répression que de la défense des droits de l’homme...
Au mépris de la vie privée
Néanmoins, des voix discordantes ont réussi à faire passer quelques critiques. Ainsi, Philippe Quéau, directeur de la division Société de l’information de l’UNESCO, intervenant sur le copyright et la propriété intellectuelle, s’est-il ému de la criminalisation de la communauté des internautes toute entière au travers de l’amalgame copie=piratage. Il a pris l’exemple des poursuites judiciaires engagées contre un enfant dont le crime était d’avoir fait un site web en hommage à Harry Potter, dont les "droits" sont "réservés". Fred Eisner, représentant de l’Association néerlandaise des providers, a quant à lui dénoncé le "manque d’équilibre" de la Convention, qui requiert des prestataires de services l’installation d’outils de surveillance trop coûteux. Les plus gros devront s’équiper de cinq à dix appareils coûtant chacun 500 000 euros, sans compter les salaires de ceux qui devront les exploiter. Ces coûts revenant aux prestataires (et donc, au final, aux clients), pour le coup transformés en auxiliaires de police. Pour Stefano Rodota, président du groupe de travail sur la protection des données personnelles de la Commission européenne, "toutes les enquêtes dans tous les pays le prouvent : la première préoccupation des citoyens est la protection de la vie privée". Le Conseil devrait ainsi "renforcer dans la convention tous les points concernant la protection des données, qui est presque absente du texte".