Vivendi NetGénér@tion est lancé. Jean-Marie Messier équipe tous ses salariés d’ordinateurs et de connexion Internet. Mais ce n’est pas AOL France qui en profitera.
Comment augmenter de 2 à 3 % le nombre d’Internautes en France ? La question taraude les politiques, les e-marchands, les fournisseurs d’accès... Pas Jean-Marie Messier. Il a trouvé la solution : Vivendi NetGener@tion. Un programme d’équipement en ordinateurs de tous les salariés français du groupe Vivendi Universal, soit 110 000 personnes (400 000 si l’on ajoute leurs familles). L’offre est plus qu’alléchante : pour 3 euros par mois (près de 20 francs), pendant 3 ans, le salarié reçoit un ordinateur, une imprimante couleur et surtout une connexion internet illimitée (enfin, il doit payer lui-même ses heures de surf). Le matériel, évalué à 8000 francs, revient donc à 708 francs au salarié, le reste étant pris en charge par Vivendi Universal. Cette opération devrait coûter à 200 millions d’euros (1,3 milliards de francs) au groupe. "On a un objectif simple qui peut apparaître ringard, c’est la cohésion sociale. La règle du jeu, c’est d’équiper tout le monde, quel que soit le niveau de qualification, quel que soit le métier. Et l’on ne peut pas dire d’un côté qu’on croit qu’Internet va modifier les entreprises, mais aussi les règles de vie de tous les jours, et de l’autre côté ne pas s’appliquer ce questionnement à soi-même", a expliqué Jean-Marie Messier à Transfert.
AOL largué
Cette opération fait le bonheur des syndicats de la société qui ont tous signé l’accord-maison, précisant dès les premières lignes : "Les matériels fournis ne peuvent en aucun cas faire l’objet d’un usage professionnel". Mais cette opération fait aussi le bonheur de Hewlett-Packard, fournisseur du matériel informatique et de PeoplePC, spécialiste de la fourniture de services internet pour les grandes structures. C’est cette entreprise qui s’est notamment occupée d’équiper en ordinateurs les 375 000 employés de Ford aux Etats-Unis. Mais Vivendi NetGénér@tion ne fera pas les beaux jours d’AOL France. Le fournisseur d’accès, détenu à 55 % par Vivendi Universal, aurait pu pourtant gagner facilement de nouveaux abonnés. Mais Jean-Marie Messier vient tout juste de signer le contrat de cession de ses parts dans le FAI français. Difficile en effet de détenir une société avec son grand adversaire AOL-Time Warner. Aucun regret pour le PDG de Vivendi qui nous confiait "Ce métier, je le vis comme un métier de purs tuyaux, et de pure commodité. Il n’y a pas de valeur ajoutée dans l’accès lui-même. Cela peut être sous-traité. Je n’ai pas besoin de posséder Libertysurf ou Freeserve pour fournir à mes différents clients l’accès à Internet. On peut le sous-traiter totalement. Donc notre stratégie ISP, c’est une stratégie de virtual ISP". Vivendi Universal ne vise en effet qu’une seule chose : être le point d’entrée de l’Internet français. Et il vient de gagner 110 000 clients.