Le système de traduction en ligne d’Altavista est bloqué par les logiciels de filtrage car il les contournait et permettait d’accéder à des contenus pornographiques. Le problème, c’est que c’est faux.
L’accès à BabelFish, le service de traduction en ligne d’Altavista, est bloqué par les principaux logiciels de filtrage, selon un rapport publié mercredi 28 février par Peacefire, une association américaine qui défend la liberté d’expression sur Internet. BabelFish est un outil développé par la société Systran, qui permet de traduire la totalité d’une page web. Il suffit de rentrer l’adresse de la page voulue, de cliquer sur "Translate" et son contenu est traduit (approximativement) dans la langue désirée. La présentation originale (fenêtres, images, publicités) est reproduite à l’identique.
14 millions de jeunes sur un Internet censuré
Pourquoi un logiciel de filtrage, censé préserver les enfants des sites web dont le contenu est jugé "impropre" (sexe, violence, racisme, etc.), empêcherait-il d’accéder à un système de traduction en ligne ? Réponse de Bennet Haselton, le principal animateur de Peacefire : "Les éditeurs des logiciels de filtrage craignent que les internautes utilisent BabelFish pour appeler des sites qui, normalement, auraient été bloqués par le filtre." Mais ce raisonnement ne tient pas la route. Lorsque BabelFish fournit la traduction d’une page, il charge les images depuis leur emplacement de départ, sur la page originale. Si cette page appartient à un site interdit par les logiciels de filtrage, il sera de toute façon impossible d’ouvrir les images, avec ou sans BabelFish. Le système de traduction d’Altavista ne peut donc pas être utilisé pour charger des photos porno. En revanche, Bennet Haselton assure avoir reçu des messages de doléances de lycéens américains qui avaient besoin de BabelFish pour traduire une page web étrangère en anglais. Les logiciels de filtrages sont maintenant installés dans la majorité des établissements américains, de la maternelle à l’université. N2H2, la société qui commercialise Bess, l’un des filtres les plus répandus, affirme que son produit phare équipe 40 % des écoles américaines. Cela correspond à 14 millions de jeunes qui accèdent à une version censurée d’Internet.
Bonnes intentions
La censure dont BabelFish fait l’objet est d’autant plus surprenante qu’il existe d’autres moyens plus efficaces de contourner un filtre, en passant par des sites qui eux, ne sont pas bloqués. L’un d’eux consiste arguments pleins de bonnes intentions utilisés pour vendre les logiciels de filtrage (protéger les enfants des pédophiles, des nazis et des partisans d’Hillary Clinton) perdraient-ils toute pertinence dès qu’il s’agit de toucher à la pub ?