28/02/2001 • 14h09
Interview exclusive Delanoë / Seguin
Avant d’allumer la télé ce soir, lisez Transfert.net ! Dans une interview croisée, Bertrand Delanoë (PS) et Philippe Séguin (RPR), les deux poids lourds, têtes de liste pour les municipales du 11 mars , s’expriment sur un thème qu’ils n’aborderont pas sur Canal Plus, à 19 heures : leurs projets en matière de nouvelles technologies pour Paris.
INTERVIEW
DE PHILIPPE
SEGUIN
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INTERVIEW
DE BERTRAND DELANOË
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Transfert
: On ne peut plus faire une campagne municipale sans parler d’Internet ? |
Transfert
: On ne peut plus faire une campagne municipale sans parler d’Internet ? |
Philippe
Seguin : On ne peut plus rien faire sans parler d’Internet. Ce
nouveau média a pénétré tous les aspects de la vie. En économie, en
politique, dans la vie sociale, il révolutionne, ou va révolutionner,
les modes de communication et donc d’action politique.
De surcroît, les collectivités locales ont été très actives en matière
d’Internet et ont beaucoup investi dans le développement du Réseau.
Il est donc normal qu’Internet soit au cœur de la campagne pour les
prochaines élections municipales. Tel, en tout cas, a été mon choix.
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Bertrand
Delanöe : Sans aucun doute ! Et c’est une bonne chose. Le développement
d’Internet en France et plus particulièrement à Paris nous impose
de traiter ces questions sérieusement. J’ai beau ne pas être, moi-même,
un utilisateur assidu, je mesure totalement l’enjeu stratégique lié
au développement du réseau. Qu’il s’agisse de netéconomie, d’accès
à Internet pour les citoyens, ou encore d’administration en ligne,
la ville de Paris a pris un retard préoccupant.
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Pour
vous, que signifient fracture numérique et fossé numérique
? |
Pour
vous, que signifient fracture numérique et fossé numérique
? |
Comme
toute technologie nouvelle, Internet se développe d’abord
grâce à l’enthousiasme de certains, les plus dynamiques
et les plus entreprenants.
Mais il s’agit de techniques qui changent beaucoup de pratiques
économiques et sociales et modifient en profondeur les méthodes
traditionnelles de communication.
Il faut donc veiller à ne pas exclure certaines catégories
de citoyens des nouveaux modes de communication qui fondent l’économie
et la vie de demain. N’oublions pas que l’exclusion s’est
toujours fondée, d’abord, sur des critères culturels.
La fracture numérique, c’est ce qui divise ceux qui maîtrisent
ce nouvel outil de ceux qui n’y ont pas accès.
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Fracture
ou fossé, il s’agit surtout d’une nouvelle inégalité
qu’il s’agit de combattre. Car le risque de voir se développer
une société à deux vitesses est réel.
Il s’agit donc d’un nouveau combat pour l’égalité continue
des chances. C’est un véritable défi : ouvrir l’accès
et l’utilisation du Réseau à tous les citoyens.
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La
Ville a-t-elle un rôle à jouer dans ce dossier ? |
La
Ville a-t-elle un rôle à jouer dans ce dossier ? |
Oui,
bien sûr. Le rôle de la collectivité publique,
c’est de contribuer à donner l’égalité
des chances et un égal accès aux services collectifs.
Le rôle de la municipalité de Paris est donc essentiel
pour rendre ces technologies accessibles à tous. Libre ensuite
à chacun de s’y investir, d’y réussir ou de
s’en détourner.
Comme hier l’eau, le gaz et l’électricité,
Internet doit arriver à la porte de chaque famille.
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Bien
entendu ! Qu’il s’agisse des infrastructures, des points
d’accès publics, ou encore des partenariats avec les associations,
il est indispensable que la Ville privilégie une action plus
volontariste. Notre objectif est de multiplier la mise à disposition
de points d’accès gratuits de façon à démocratiser
l’accès au réseau. C’est dans ce sens que je me
suis engagé à appuyer la formation, des enfants avec
un équipement performant des écoles et des collèges,
mais aussi des enseignants en soutenant leurs initiatives pédagogiques.
Plus globalement, il est essentiel qu’une personne, quelles que soient
ses ressources, puisse se former à l’utilisation des nouvelles
technologies.
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Vos
propositions [généralisation du haut débit ,
numérisation des archives de la ville, sponsorisation des connexions
internet des foyers], êtes-vous capable, aujourd’hui, de
les chiffrer ? |
Vos
propositions [dotations en ordinateurs des étudiants, bureaux
nomades, place de marché boursier, etc.], êtes-vous capable,
aujourd’hui, de les chiffrer ? |
Nous
aurons à procéder à un examen attentif de ce
qui a été fait jusqu’ici et que nous connaissons
mal. Ce qui est certain c’est que nous investirons d’emblée
1 % du budget de la ville dans ce plan (soit 350 millions de francs
la première année). Mon objectif est d’atteindre
un niveau d’investissement annuel de 4 % du budget, qui est l’étiage
généralement nécessaire, de toute organisation
qui se modernise. Cela se fera essentiellement par redéploiement
des crédits.
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Chiffrer
des propositions dont je conçois la réalisation sur
l’ensemble de la mandature ne serait pas raisonnable. Particulièrement,
en matière de TIC où l’évolution des technologies
est très rapide. Mais j’aurais l’occasion de m’exprimer
prochainement sur la nouvelle donne budgétaire que nous entendons
proposer aux Parisiens. Je rappelle à ce titre que le budget
pour 2001 devra être impérativement voté avant
le 14 avril.
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Contassot
dit que le haut débit représenterait 10 % du budget
de la Ville. Est-ce une évaluation réaliste ? Un investissement
possible ? |
Seguin
ne veut pas chiffrer la généralisation du haut débit
sur Paris, Contassot dit que cela représenterait 10 % du budget
de la ville. Est-ce une évaluation réaliste ? Un investissement
possible ? |
Ce
n’est pas vrai. Les opérateurs n’ont - heureusement
- pas attendu M. Contassot pour se préoccuper du câblage
de Paris. Il est déjà largement entamé. Selon
les informations en notre possession, les opérateurs privés
ont lancé un vaste programme d’investissement destiné
à desservir l’ensemble des quartiers de Paris. Il appartiendra
à la Ville de s’en assurer et d’intervenir si certains
d’entre eux ne devaient pas être couverts par l’investissement
privé. Il n’a donc jamais été question nulle
part que la Ville finance tous les équipements.
Par ailleurs, M. Contassot semble ignorer de quoi il parle. Le câble
n’est pas le seul moyen d’accéder à l’Internet
à haut débit. La boucle locale radio et le satellite
sont des moyens moins coûteux qui peuvent se révéler
complémentaires du câble, notamment pour les professionnels
de l’Internet.
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Le
haut débit pour tous est notre objectif. Mais la condition
préalable au chiffrage de l’investissement de la Ville
est la mise en concurrence entre les opérateurs. Après
l’épisode du câble TV, retenons la leçon.
Une chose est certaine : la Ville pèsera de tout son poids
pour que le haut débit ne soit pas plus cher à Paris
que dans les capitales européennes les plus avancées.
Notre objectif reste le service universel. Pour l’atteindre dans
les meilleures conditions et au meilleur coût pour les usagers
comme pour les entreprises, il faut instaurer des règles du
jeu différentes de celles qui ont prévalu jusqu’à
présent. Enfin, si aujourd’hui la question des opérateurs
et des infrastructures nous occupe, ne perdons pas de vue une question
tout aussi essentielle pour le développement de l’Internet,
celle des contenus.
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Dans
l’ordre de priorité des dossiers à traiter, à
quelle place mettez-vous l’Internet et les nouvelles technologies
? Quelle sera votre première décision dans le domaine
des nouvelles technologies ? |
Dans
l’ordre des priorités des dossiers à traiter, à
quelle place mettez-vous l’Internet et les nouvelles technologies
? |
L’Internet
pour tous à Paris est l’un des dossiers prioritaires auxquels
je souhaite m’atteler dès la fin des élections.
Il s’agit en effet à la fois d’assurer la création
de vrais emplois solides pour les Parisiens, d’offrir à
Paris les infrastructures indispensables aux développements
des activités de services. En fait, c’est toute l’économie
de Paris qui dépend de la technologie Internet. Ou nous nous
engageons résolument dans cette voie, ou nous nous contentons
du tourisme, que je ne néglige certes pas, mais qui me semble
être insuffisant à lui tout seul, pour assurer l’avenir
de l’économie de la capitale.
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Le
développement des services en ligne peut permettre de faciliter
la vie des Parisiens, de leur faire gagner du temps. Une mesure essentielle
sera de développer les téléprocédures
en ligne.
Mais je n’oublie pas les questions liées aux infrastructures,
boucle locale, connexion à haut débit et point d’accès
publics. Je les intègre à la problématique prioritaire
des nouvelles relations à instaurer avec les usagers des services
publics municipaux.
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Tout comme Canal, Transfert avait proposé aux deux candidats de se rencontrer face à face. Refus poli. Pour plus de transparence, Transfert informe ses lecteurs que les entretiens ont été réalisés par écrit : les emplois du temps des politiques seraient seulement flexibles pour les shows médiatiques ?
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