Les salariés de World Online Belgique et Suisse se sont mis en grève jeudi. Ils estiment faire les frais de la fusion entre Tiscali et Liberty Surf. Chez World Online France, les salariés sont plus qu’inquiets.
"En désaccord complet avec la direction, (...) World Online Belgique commence des actions de protestation." Extrait du texte que les abonnés belges de World Online ont trouvé ce jeudi un matin, en page d’accueil de leur fournisseur d’accès Internet (FAI). Les 85 salariés du FAI, basé à Anvers, ont en effet lancé une grève pour protester contre les conditions de licenciement de 45 d’entre eux. Le personnel estime inacceptable le montant des indemnités de licenciement qui lui est proposé, ainsi que le sort réservé aux salariés intérimaires. "Nous demandons à être traités avec respect", proteste Tom Garcia, un délégué du syndicat BBTK
Le plan social de la filiale belge fait suite au rachat de World Online par Tiscali, à la fin de l’été dernier.
Et, surtout, à la réorganisation du groupe Tiscali, enclenchée par son président Renato Soru après le rachat du FAI français Liberty Surf. Cette grève prend un tournant européen, puisqu’elle est également suivie par les salariés de la filiale suisse. La totalité de l’équipe helvétique (58 salariés) va en effet être licenciée, toujours suite à la réorganisation du groupe Tiscali.
Reclassement du personnel ou licenciements ?
Le mouvement de protestation ne se limite pas à ces deux pays. Les équipes belge, suisse, espagnole et française réfléchissent à "un plan" commun. Dans la filiale française, la sérénité affichée pendant plusieurs semaines s’est muée, depuis quelques jours, en inquiétude. Les salariés ont reçu la visite de Rafi Kouyoumdjian, qui vient d’être nommé président de Liberty Surf, en charge de la gestion de la fusion Tiscali-Liberty. Il a expliqué aux salariés de World Online qu’une refonte de l’organigramme des entreprises du groupe Tiscali est à l’étude et qu’elle prévoit des reclassements de personnel. Mais, a-t-il promis, aucun plan social. Contacté par Transfert, Jean-Michel Soulier, le patron de World Online France, refuse de commenter ces informations.
World Online, laissé pour compte de la fusion à trois
Un comité d’entreprise extraordinaire est programmé à World Online France le lundi 26 février. "Pour le moment nous n’avons pas de raison de faire grève, explique Charles Pancaldi, le secrétaire du comité d’entreprise de World Online France. Mais pas mal de salariés sont ici depuis deux ans. Ils n’accepteront pas d’être mis à la porte sans rien. Alors, s’il le faut..." Analyse : "Il est clair que les salariés de World Online France sont aujourd’hui en danger. Nous ne sommes virtuellement que des pions dans une stratégie boursière. Il faut pourtant bien des hommes pour faire tourner cette entreprise !"
En fait, les salariés redoutent en particulier l’externalisation de l’ensemble des services du département centre d’appel (70 à 80 personnes), qui seraient sous-traités à une entreprise de Bordeaux. D’une façon plus générale, les représentants du personnel de World Online en France et en Belgique craignent que leur entreprise fasse seule les frais de la fusion à trois avec Tiscali et Liberty Surf. Au sein du groupe World Online, plusieurs personnes s’interrogent d’ailleurs au sujet du récent départ surprise du directeur général de Tiscali , James Kinsella. Ancien président de World Online il aurait choisi cette manière de signifier son désaccord sur le sort réservé au FAI néerlandais par le président de Tiscali, Renato Soru. De son côté, Liberty Surf est sur tous les fronts : outre le mécontentement grandissant chez World Online, l’entreprise doit faire face à l’exaspération des salariés de Freesbee, le FAI dont elle a pris le contrôle à la fin 2000. Les négociations concernant le reclassement des salariés de Fressbee sont plutôt tendues et, selon l’AFP, une "ultime réunion de négociation" doit avoir lieu ce vendredi 23 février.