Napster, le site d’échange gratuit de fichiers musicaux, change définitivement de business-model sous la coupe de Bertelsmann. Le géant allemand de la communication le transforme en un système payant et sécurisé.
Napster rentre dans le rang. Son passage à une version payante vient de franchir un palier important. Hank Barry, son président, a dévoilé samedi 17 février, le nouveau business-model du système d’échange musical. À sa base : un système de paiement par cotisation. À l’avenir, les fichiers musicaux ne pourront donc être échangés qu’entre abonnés, et avec certaines restrictions, comme la limitation de la copie sur CD. Un logiciel spécifique est concocté, depuis plusieurs mois, en partenariat avec Digital World Services, une filiale de Bertelsmann. Ce dernier semble avoir réussi ce qu’il annonçait à la fin d’octobre 2000, lorsqu’il reprenait Napster à la surprise générale. Dans son communiqué, le géant de la communication allemand parlait déjà de "développer un nouveau modèle économique de service d’abonnement sécurisé". Cette formule sera mise en place "aussi vite que possible", mais sûrement pas avant l’été 2001.
Respecter les droits d’auteur
Un Napster qui s’acquitte des droits d’auteur constitue une hérésie pour les défenseurs du partage de fichiers. Mais Bertelsmann espère bien, avec cette annonce, séduire les majors de l’industrie du disque telles que Time Warner, Sony Music, Vivendi-Universal ou encore EMI. Et surtout les persuader d’abandonner leurs poursuites judiciaires contre Napster. Lundi 12 février, la cour d’appel de San Francisco a en effet reconnu l’illégalité des échanges de fichiers musicaux sans l’autorisation des auteurs, mais a décidé de laisser le site continuer à exercer, le temps de juger "sur le fond" l’affaire qui oppose Napster à la RIAA (Recording Industry Association of America), le syndicat de l’industrie discographique. La vie de Napster est actuellement en suspens. Mais la juge Marylin Patel serait favorable à un arrangement entre Napster et la RIAA et aurait nommé à cet effet un médiateur, selon le magazine Newsweek. Bertelsmann doit donc rapidement convaincre du sérieux et de la viabilité de la nouvelle formule de Napster. Un vrai pari pour la société qui aurait investi 50 millions de dollars (plus de 355 millions de francs) dans le site.