Vogue des traitements chimiques, restriction des remboursements, la profession des psychothérapeutes américains est en plein marasme. Leur dernier terrain de chasse : les licenciés du Net.
Désordre d’accoutumance à l’Internet, syndrome de la richesse soudaine ou traumatisme post-licenciement : Wired dresse la liste des maux psychologiques nés des soubresauts de la nouvelle économie - et montre au doigt la cohorte des thérapeutes spécialisés, prêts à sauter sur l’occasion, avec en poche un nom ronflant pour qualifier le mal, et le texte d’une conférence de huit heures sur le sujet.
D’abord, les entreprises s’assurent les services de ces experts pour aider videurs et vidés durant la brève mais âpre période de séparation. Des patrons bienveillants n’hésitent pas à jeter une poignée de séances psy dans la corbeille de séparation... On pourrait, poursuit Wired, rejeter ces pratiques en bloc, et accuser les praticiens de poursuivre l’ambulance de la nouvelle économie, mais ce serait ignorer les turbulences que traverse actuellement leur propre corporation. Pour les psychothérapeutes, la vogue accrue des traitements chimiques et la diminution des remboursements d’actes ont fait dramatiquement chuter le nombre des cures de longue durée : " Ici aussi, le public a adopté un modèle régi par le concept de brièveté " commente Leslie D. Glennie, un travailleur social dont l’entreprise ( Phoenix Mairtal and Family Conselors and Consultants) propose des thérapies adaptées aux compressions de personnel et des cassettes audio de relaxation. " L’une des raisons en est le coût. L’autre est qu’un public exigeant des livraisons plus rapides de ses commandes attend également des résultats plus rapides. "
Pour survivre, les thérapeutes doivent s’adapter à ce nouveau contexte économico-culturel. Al Siebert de Portland (Oregon) ,en fournit le parfait exemple. Al anime des ateliers. Il donne des conférences sur la force intérieure et l’art de la construire. Quand le gouvernement de l’état d’Oregon a supprimé 4000 emplois, Sielbert fut appelé pour aider les licenciés à extérioriser leurs sentiments. Il gagna dans l’affaire le surnom de " Dr. FeelBad ", docteur tant-pire.
La disparition des traitements longs contraint évidemment les thérapeutes à augmenter le nombre de leurs pratiques. Donc, à explorer des " niches ", des gisements de clientèle : les chômeurs de fraîche date, les accros à l’Internet, les victimes du " syndrôme de la richesse soudaine ". Si la niche en question et le trouble qui la définit sont équipés d’emblée d’un nom assez paradoxal pour leur assurer une bonne place dans les médias, c’est parfait. Ce qui ne veut pas dire qu’un traumatisme au nom vendeur en perde de sa réalité. " On peut coller sur tout comportement en vigueur à la surface de la planète l’étiquette de dysfonctionnement, remarque la psychothérapeute Kimberly Young. Mais quand l’étiquette en question correspond à un mal réel, c’est au spécialiste d’intervenir. " Conclusion de Wired ? A en croire les commentaires désabusés et les visages grimaçants typiques des " Pink Slip Parties " (réunions d’employés ayant reçu l’enveloppe rose - pink slip - contenant la lettre de licenciement), l’assistance aux dégraissés récents est bien à l’ordre du jour.
L’article de Wired ( " Laidoff? Call dr. FeelBad ")
http://www.wired.com/news/culture/0...