Quand les dragueurs font un site. Ça donne LeDragueur.com et on s’en passerait bien.
Mercredi, c’était la Saint-Valentin. J’ai reçu un mail dont l’objet était un peu bizarre. Ca disait "Ouverture de la chasse". Soit. Puis j’ai lu ceci : "Nous vous faisons part du lancement officiel du premier site francophone dédié aux techniques de drague et de séduction : www.ledragueur.com." Qui finissait comme ça : "Dragueusement votre". Ça promettait.
Me voilà connectée au dragueur.com version 2 dite version "Spécial Valentin", le genre de site dont on rêverait de broyer en miette le moindre bout de code.
Une sorte d’incompatibilité d’humeur. Qui pousse à l’écriture énervée. La rencontre a commencé tout bêtement. Par le début : le slogan. Il faut se rendre à l’évidence : ce n’est pas de l’humour mais une sentence prononcée avec le plus grand sérieux du monde. "Dragueur.com. Parce que le plus important pour les mecs, c’est les filles." Un peu plus tard, on finit par s’avouer que ce slogan est peut-être la partie la plus intelligente du site.
Sursaut de compassion
Surtout quand on tombe sur la case "Conseils". À ne pas louper, celle-là. Elle est sur la colonne de gauche, au-dessus d’un garçon à cheveux longs. Le D. Frenchlover. En épitaphe : "Suis une femme, elle te fuira. Fuis une femme, elle te suivra." Pathétique. Moi je croyais que depuis Sex and the city, on était passé au stade 2 de la compréhension homme/femme. Les femmes ne cherchaient pas obligatoirement des salauds pour être heureuses. Et parlaient de sexe, d’orgasme, voire même de masturbation.
Erreur. Dans la rubrique "Déclaration du jour", Julien dit : "J’en ai marre des nanas qui disent que l’argent n’est pas une priorité dans la vie ! Tu parles, toutes les mêmes !!!!". Un sursaut de compassion pour la jeunesse de l’animal : Julien a 22 ans.
Et je n’ai plus le même courage qu’à 20 ans pour me lancer dans une longue diatribe contre ces débiles de machos sexistes. Quoique... Clic d’inconsciente sur "lire la suite". Dans ma tête commence à clignoter : "débranche, débranche". Je poursuis. Et quand je lis : "À 18 ans elles croient à l’amour, à 24 ans, elles cherchent un "bon parti" et à se caser", je commence à me dire que le féminisme a bien fait de ne pas abdiquer. Alors, mon p’tit gars, qu’on soit clair. Et d’une, on bosse, alors votre fric, on s’en passe. Et de deux, la belle voiture de ton pote, je lui crève les pneus et je raye sa carrosserie. Je sais, ça n’amène rien au débat, mais ça fait un bien fou.
Mémoires d’un GO
Là, j’aurais vraiment dû décrocher. Et éviter "Les mémoires d’un G.O.", bellâtre du Club Med sautant sur tout ce qui bouge des cheveux et des fesses. Ou même la fiche "Gestion de copines", tableau de chasse avec des cases à remplir : "Baratin raconté, Note sur dix ou Plans déjà faits".
Sans parler de la rubrique technique, où je-ne-sais-qui conseille à je-ne-sais-trop-qui-d’autre de dire à la proie : "T’as pas des faux cils, par hasard ?". Suit un invraisemblable concours de circonstances pour aboutir au final grandiose : la fille ferme les yeux, s’approche pour montrer ces vrais cils et je-ne-sais-qui l’embrasse. Le conseil "Emballer en boîte" est plus simple : s’approcher de la fille et l’embrasser. On oublie les faux cils. Fallait au moins un site pour en arriver-là. Il y a 15 ans, on avait appris à faire ça en regardant Sophie Marceau walkman sur la tête dans La Boum. On avait 14 ans.