Jean-Marie Messier, le PDG de Vivendi Universal, explique la candidature de sa filiale SFR à l’UMTS.
Vivendi a déposé son dossier de candidature à l’UMTS. Alors, vous allez vraiment payer 32,5 milliards de francs pour la licence ?
P-E. Rastoin |
À partir du moment où on dit oui... c’est la règle. Je ne vois pas pourquoi on ne les paierait pas.
Mais si les candidats du deuxième tour bénéficient d’un rabais ? En effet, l’équité invoquée par l’ART n’équivaut pas à l’égalité de traitement...
Nous avons déposé un dossier sans conditions. C’est-à-dire que nous pouvons accepter ou refuser la licence si elle nous est attribuée. Si nous nous apercevons que le gouvernement souhaite accorder des licences au rabais au deuxième tour, nous lui demanderons de s’engager à nous faire bénéficier des mêmes prix et conditions que les nouveaux entrants. Sinon, nous refuserons la licence.
Avec les frais de déploiement du réseau et de marketing, ça va tout de même vous revenir très cher... Combien ?
Nous sommes déjà opérateur GSM. Depuis neuf mois, nous suivons une logique simple : substituer des infrastructures UMTS à tous les investissements nécessaires pour notre réseau GSM. Au rythme actuel de la croissance du nombre des abonnés et du volume des données, si on ne change pas de réseau, en 2005 le GSM sera saturé. Cela signifie que sans licence UMTS, je ne pourrai plus prendre de nouveaux clients, et je devrai même réduire leur nombre !
Mais il y a les technologies intermédiaires, comme celles dans lesquelles Bouygues va investir...
Le GPRS sera pour nous un investissement marginal. En 2000, il nous a coûté entre 150 et 200 millions d’euros. Il nous permet de passer d’un débit de 9 kbits par seconde à 50 kbits par seconde. En revanche, la norme suivante, EDGE, ne me semble pas être la bonne réponse technologique à notre problème de saturation. Parce qu’on ne passe qu’à 160 kbits par seconde, soit un débit insuffisant pour la vidéo, alors que les coûts de déploiement ne sont pas loin de ceux de l’UMTS. Ce dernier, lui, offre des performances comprises entre 350 et 500 kbits par seconde.
Avec le passage d’Internet du PC au téléphone mobile, d’énormes investissements sont nécessaires. Auparavant, on disait qu’il y avait peu de barrières à l’entrée pour entreprendre dans la netéconomie. C’est un soulagement, pour un groupe puissant comme le vôtre ?
On ne peut pas vraiment dire ça. On n’a pas la mentalité de France Télécom. En tant que client, je considère que si je veux switcher sur AOL ou un autre portail WAP, je dois pouvoir le faire. C’est pourquoi les clients de SFR ne sont pas waplockés dès le début. Ensuite, il est vrai que le choix du fournisseur d’accès à l’Internet mobile est important, et que le fait d’être choisi comporte pour nous deux avantages. Le premier avantage, c’est la localisation. Elle demeure un privilège de l’opérateur. Le portail Yahoo ! aura besoin de mon aide pour fournir ses services de localisation d’un restaurant, puis de mapping [le repérage du restaurant sur la carte – NDR]. Le deuxième avantage, c’est qu’en étant soi-même multiaccès, nous pouvons offrir au consommateur des services facilitant la vie, comme des messageries unifiées pour le PC et le téléphone.