La lutte contre la Mafia a fait naître une famille de juges devenus des héros. Parfois au prix de leur vie. Ferdinando Imposimato, lui, est toujours vivant, mais la pieuvre noire s’est vengée sur son propre frère. Du coup, le juge a quitté la magistrature, s’est exilé plusieurs années en Amérique du Sud et, une fois revenu dans la péninsule, s’est fait élire sénateur. Il a présidé la commission parlementaire anti-mafia. Devenu avocat, il dresse un bilan, plein de révélations inédites, de la douzaine d’années passées à lutter contre la "famille". Arrivé à Rome en 1970, après cinq années comme juge d’instruction à Milan, il ne s’est jamais, jusqu’alors, confronté à la Mafia. Elle croise son chemin à l’occasion d’une affaire de trafic de drogue en 1971. Elle ne le quittera plus. Procureurs corrompus, politiques sous influence, policiers massacrés par des hommes de main, tel est le lot d’Imposimato jusqu’en 1986. Derrière les dossiers surgissent la toute puissance de la Mafia, ses méthodes cruelles pour éliminer ses ennemis, ses conclaves secrets où les clans se répartissent le marché du crime, ses réseaux qui ignorent les murs des prisons. C’est en prison que se poursuit le dialogue entre les membres de la Pieuvre. C’est d’une prison que part l’ordre d’exécuter le frère du magistrat. Pour cette raison, et pour éviter les évasions lors de transferts trop fréquents vers les tribunaux de jugement, les juges anti-mafia militent pour l’instauration des procès par vidéoconférence. Ils seront entendus. Imposimato - l’un des rares magistrats spécialisés dans la lutte anti-mafia à avoir survécu à la tâche - a pu, lui, les voir à l’œuvre.

Un juge en Italie

par Ferdinando Imposimato

...ditions de Fallois , Paris 2000

120 F