Pourquoi Marc-...ric Gervais est-il venu vous voir, vous, et pas un grand groupe industriel ?
En fait, il avait rencontré des gens sur le marché des capital risqueurs qui lui proposaient beaucoup d’argent, mais il n’était pas arrivé au bout de son développement. Son problème, ce n’était pas qu’on lui donne de l’argent - l’Atelier a quand même mis de l’argent sur la table, bien sûr -, mais c’était de finir. Il ne pouvait pas terminer, car à un moment c’était devenu trop compliqué pour son équipe, dont certains membres fonctionnent vraiment comme des génies, mais qui n’arrivaient plus à rationaliser les choses. Notre directeur scientifique, Michel Munoz, a fait un travail fantastique avec eux.
Comment est réparti le capital de la société ?
L’Atelier a 43%, le groupe autour du projet a 43 % et les 14 % restant sont détenus par les financiers qui ont avancé les 7 millions, début octobre, alors qu’on n’avait pas encore annoncé au monde entier qu’on était à 2 ko/s. Sept millions, c’est vraiment très peu. Et en plus ils ne sont pas dépensés...
...tant données les performances annoncées, avez-vous conscience que si vous avez menti vous êtes décrédibilisés à jamais ?
Oui, oui [sourire]. J’ai bien mesuré ça. En ce qui nous concerne, c’est l’inverse qui va se passer. Des gens se posent des questions : pourquoi met-on en vente ? D’abord, on garde l’exploitation en direct de la technologie son, et on vend la technologie vidéo et son attachée. Si nous avons pris cette décision, c’est que nous sommes 8 personnes aujourd’hui dans la structure i2bp, que cette technologie intéresse tout le monde, et on veut qu’elle soit mise très vite à la disposition de tout l’Internet. Il faut des milliers de gens, on ne les a pas. Si on commence à recruter des gens, des équipes pour faire ça, on n’est pas sorti de l’auberge. On a préféré mettre cette technologie à la disposition d’un grand groupe.
Cette cession, vous allez la faire quand ? Avez-vous déjà vu des grands groupes ? Qui ?
On a commencé il y a 15 jours, avant de lancer l’information. On voulait valider la réactivité des grands groupes par rapport à ça. On a vu : ils sont revenus quasiment tous les 4 jours. Puis, lundi dernier, on a eu d’autres appels. Pas plus tard que ce matin, on avait encore 3 personnes d’un grand groupe. On est dans un schéma de négociation. Il y a 30 groupes au monde qui peuvent acheter la technologie, je ne vais pas faire la liste, vous la connaissez mieux que moi. On va arriver à une mise aux enchères, ça c’est clair. Pour mener ce genre de négociation, on s’isolera avec nos interlocuteurs quand arrivera la négociation finale, de façon à ce que personne ne vienne écouter avec un micro directionnel ce qui se passe dans les réunions, pour savoir à quel prix on est avec untel ou untel.
Pour vous, ce chèque doit être d’un montant minimum de combien ?
On ne parle plus en millions.
Vous parlez en milliards donc ?
Voilà.
Cela paraît incroyable...
Qu’est-ce qui est incroyable ? Attendez. Si certaines boîtes comme Microsoft annoncent qu’elles disposent enfin d’une technologie révolutionnaire de diffusion vidéo, de combien croyez-vous que la société augmente au Nasdaq ce jour-là ? Microsoft vaut 400 milliards de dollars aujourd’hui. Si elle prend 10%, ça fait combien de dollars supplémentaires, simplement parce qu’elle a notre technologie ? Bon, je n’ai pas dit que c’était eux qui allaient acheter...
Microsoft va venir vous voir ?
Tout le monde va venir. Ou alors, ceux qui ne viendront pas ne sont pas intéressés par le son et la vidéo sur Internet. Mais je vous rappelle quand même que, pour l’instant, Internet, c’est de l’écrit. Et que tout le monde attend de la vidéo et du son. J’ai eu des contacts avec une personne de Microsoft, mais je n’ai pas eu de contact avec Bill Gates.
Vous envisagez, si tout ce que vous dites est vrai, que la négociation puisse mal se passer ?
Que personne n’achète ? Je serais très étonné que ça se passe comme ça, mais on a deux solutions de repli. Soit on vend des licences. Soit on décide d’entrer dans une phase d’exploitation, mais on ne le veut pas.
Qui vous dit que d’autres équipes ne sont pas arrivées au même niveau que vous ?
C’est le premier qui arrive qui gagne. Si on se fait doubler avant le 1er mars, je vais sans doute engueuler mes juristes. Mais je me serai fait doubler.
Le nom i2bp vient d’où ?
On a fait une recherche de nom, c’est difficile maintenant de trouver un nom pour avoir un .com par exemple. Le langage du MPEG c’est IBBP. On a trouvé que c’était un clin d’œil de trouver une technologie i2bp, en se disant que ce qui restera du MPEG, c’est le nom de la technologie qui l’a tué (c’est du franglais : I tue BP - NDLR).
Vous avez renforcé la sécurité dans vos locaux. Vous vous sentez menacés ?
On est une petite entreprise par rapport à ces grands du monde. Cette technologie, ça va représenter des développements très importants. On parle en milliards de dollars. Donc il est normal que tous les moyens de sécurité soient mis en place. On a pris toutes les précautions sur le plan juridique, on a aussi pris toutes les précautions de façon à ce que la technologie soit protégée. Donc les locaux sont surveillés, les personnes sont surveillées, tout est sous contrôle. Comme ça je dors mieux.
Vous avez un garde du corps ?
Oui.
Vous n’avez pas peur d’être copiés par des gens qui vous approchent ?
Attendez. D’abord, rien n’est sur le Net. Les hackers ne peuvent pas venir pour essayer de pénétrer les sources. Tout est vraiment sous contrôle. Cette technologie est bien française jusqu’à ce qu’on la vende. Puis, ce sera à celui qui achète de la protéger. Et je pense qu’ils savent bien faire, dans ce domaine.
La nationalité est-elle un critère de vente pour vous ? Entre Vivendi et Microsoft, vous n’avez pas de préférence a priori ?
Attendez, si Vivendi est le mieux disant, je serais très content. Si c’est Microsoft, c’est lui qui aura la technologie.