armi les malentendus concernant Internet, celui de la désintermédiation est l’un des plus populaires et des plus pernicieux. Une information surabondante et facilement accessible et une réduction drastique des coûts de communication et de transaction étaient censées créer un capitalisme sans frontières, sans frictions et sans intermédiaires, permettant aux consommateurs de traiter directement avec les producteurs. Le développement du commerce électronique montre clairement que cette vision est erronée. Certes, Internet remet en cause les avantages acquis des intermédiaires traditionnels, tels les agents de voyage ou les libraires. Mais la logique profonde du Web est non pas de réduire la demande de l’intermédiation mais au contraire de l’accroître. L’abondance de l’information crée une profusion des opportunités. La baisse des coûts entraîne une croissance explosive du nombre des transactions. L’abolition des frontières aboutit à la prolifération des relations. Internet devient un gigantesque souk, numérique, global et permanent. Dans ce souk, il est difficile de s’y retrouver, d’identifier les meilleures opportunités et les interlocuteurs les plus viables, de nouer avec eux des relations de confiance. Cette difficulté stimule l’émergence de nouveaux intermédiaires, qui font circuler l’information, rapprochent les acheteurs et les vendeurs, facilitent les transactions et assurent leur bonne exécution. On les appelle infomédiaires. Parmi les premiers gagnants de cette tendance, on trouve eBay, créateur d’une place virtuelle de marché, ou Amazon. Des géants. Réseau des réseaux, Internet est en passe de devenir un réseau des marchés.
* Charles G. Goldfinger est managing director chez Global Electronic Finance.