Des voix dissonnantes s’élèvent au sein du gouvernement, après l’annonce d’une possible taxe sur les disques durs par Catherine Tasca. Aujourd’hui, la ministre de la Culture s’est d’ailleurs prononcée... contre.
Julien Chambaud |
Catherine Tasca, ministre de la Culture, a sans doute eu la langue qui fourchait en annonçant une taxe sur tous les supports numériques, hier, dans
Le Figaro Economie. Les réactions de la classe politique, notamment du gouvernement, ne se sont pas fait attendre, et la ministre se fait taper sur les doigts, même si, officiellement, on arrondit les angles. À Matignon, on se contente d’un laconique : "
Les propos de la ministre ont été mal interprétés. Elle n’a jamais annoncé la mise en place d’une nouvelle taxe sur les disques durs." Peut-être, mais Catherine Tasca a bel et bien déclaré que "
la taxation des décodeurs, magnétoscopes améliorés et ordinateurs, en bref, tout support permettant d’enregistrer des œuvres est un prolongement logique des négociations engagées en 2000". Tout en précisant que rien n’était décidé.
Tempête dans le potage
La commission Brun-Buisson, chargée du dossier, doit remettre ses conclusions fin mars. Aujourd’hui, à l’Assemblée nationale, suite à une question de Patrick Bloche (PS), un député "ami", la ministre s’est fendue d’un "le gouvernement n’a pas l’intention de taxer les ordinateurs. Ceux-ci ne sont pas le support exclusif de la copie". Matignon et Bercy auraient-ils rappelé à l’ordre la ministre ce matin ? Il semble que oui. Laurent Fabius, appuyé par Christian Pierret, a désavoué sa collègue sur France Inter : "Notre philosophie n’est pas de créer des taxes à tous les coins de rue." Alors, guerre ouverte entre la rue de Valois et Bercy ? Point du tout, martèle-t-on officiellement. "Une tempête dans le potage", selon Laurent Fabius.
Avec les félicitations de la Sacem
Du côté des professionnels, les réactions continuent. La Sacem s’est félicitée aujourd’hui dans un communiqué d’une taxe sur les disques durs. Les producteurs de musique ne sont pas en reste. Pascal Nègre, président de la Société civile des producteurs phonographiques (Scpp), et président d’Universal Music France, estime pour sa part qu’une telle taxe est totalement légitime. En ajoutant : "Il y a une véritable intoxication de la part des fabricants informatiques, qui tentent de faire croire que cette taxe leur portera un grave préjudice." Les petites phrases se multiplient sur un projet qui a l’air d’être mort-né. Mais pour en être sûr, il faut attendre fin mars. La commission proposera peut-être à ce moment-là un autre sujet de polémique...