Martin Bouygues a rencontré cette semaine les commissaires européens Mario Monti et Erkki Liikanen, pour plaider la cause de Bouygues Télécom avant l’ouverture du dossier UMTS en France.
Trois semaines avant la date limite de dépôt des candidatures aux licences UMTS en France - le 31 janvier - c’est une fois de plus Bouygues Télécom qui monte au créneau pour dénoncer ce qu’il considère comme une procédure injuste. Selon les informations recueillies par Transfert, Martin Bouygues, le président du groupe Bouygues, a rencontré cette semaine le commissaire européen à la concurrence Mario Monti. Il s’est également entretenu avec Erkki Liikanen, le commissaire en charge des entreprises et de la société de l’information, comme l’indique le Financial Times dans son édition du mercredi 10 janvier. "Les discussions qui ont eu lieu entre M. Bouygues et la Commission étaient purement informelles", souligne Per Haugaard, le porte-parole du commissaire Erkki Liikanen.
Plainte en cours d’instruction
En fait, Martin Bouygues s’est déplacé pour appuyer une plainte déposée en juin 2000 par Bouygues Télécom. Celle-ci accuse la France de ne pas respecter les conditions - fixées par une directive européenne - d’objectivité, de non discrimination et de transparence dans la procédure d’attribution des licences UMTS. "L’opérateur estime que le mode d’attribution des licences UMTS en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Belgique n’est pas équitable. Il pense, par exemple, ne pas avoir les mêmes chances que France Télécom", précise Michel Tscherny, le porte-parole à la direction générale de la concurrence de la Commission. Les services de la Commission ne peuvent pas dire "pour le moment" si l’instruction de cette plainte sera achevée avant la date fatidique du 31 janvier. Selon le Financial Times, Martin Bouygues aurait donc demandé à la Commission de faire repousser cette date. Les angoisses de Bouygues Télécom contrastent avec l’optimisme affiché par France Télécom. L’opérateur historique se dit confiant en ses chances d’obtention d’une licence UMTS, mais tient à dissiper tout soupçon de favoritisme. "Certains disent que France Télécom est assuré d’obtenir une licence. C’’est faux. Ce qui est certain, c’est que nous rendrons le dossier dans les temps et que nous avons travaillé dessus très sérieusement", souligne ainsi Sébastien Goalès, porte-parole de France Télécom.
Cadeau gouvernemental
Optimistes ou pas, les opérateurs candidats à l’obtention de licences UMTS françaises (France Télécom-Orange, Suez Lyonnaise, SFR, Bouygues Télécom) pèsent de tout leur poids pour en faire baisser le prix, fixé par le gouvernement à 32,5 milliards de francs. "Les licences sont chères, tout le monde le sait. Mais si nous savons aussi que c’est la règle", rappelle-t-on à France Télécom. Mardi 9 janvier, le gouvernement a pourtant fait une jolie fleur aux candidats, en autorisant les opérateurs à amortir indéfiniment les déficits fiscaux liés à leurs investissements UMTS. Cela revient à étaler ces déficits sur une très longue période, donc à en alléger considérablement le poids. Habituellement, la loi impose de les amortir sur cinq ans seulement... Cette mesure exceptionnelle réjouira les opérateurs au moment où la viabilité même de l’UMTS est battue en brèche par plusieurs études. Dans une note publiée le 5 janvier, le cabinet Forrester Research prévoit une baisse du revenu moyen par utilisateur qui devrait conduire à des faillites et à une phase de concentration massive dans ce secteur. Michel Bon, PDG de France Télécom, soutient, quant à lui, que l’UMTS devrait être rentable d’ici 4 à 7 ans.