9/01/2001 • 17h28
ARCHIVES 1.09 - Les petit$ enfant$
« Les adolescents américains passent beaucoup de temps sur Internet et adorent faire des achats dans les boutiques en ligne. Malheureusement, ils n’ont pas de carte bancaire. » Pour Carol Kruse, vice-présidente du pôle marketing de Rocketcash, la kid-money permet de sortir de l’impasse.
Rocketcash n’a
pas l’ambition de devenir LA future monnaie du Web. Ce moyen de paiement est plus prosaïquement un outil marketing pour s’attirer les faveurs
des jeunes consommateurs.
Concrètement, l’adolescent commence par ouvrir un compte, alimenté par ses parents. Les dollars sont transformés en rocketcash, que l’adolescent peut dépenser à sa guise dans les 125 enseignes partenaires. Disques, jeux vidéos, Pokemons... Tout y est, sauf l’alcool, les cigarettes et les films pornos : c’est ainsi que Rocketcash gagne la confiance des parents. Selon les estimations, enfants et adolescents américains dépensent plus de 80 milliards de dollars et influent à hauteur de 160 milliards de dollars sur les dépenses de leurs parents. Pour le moment, Rocketcash ne compte que 200 000 membres, mais en attend 3 millions d’ici un an, grâce à son rachat par Netzero, le numéro un américain de l’accès gratuit au Net.
Rocketcash n’est pas seul. Y-Creds, Nikolai, Kids et autres Billies et Points-K fourmillent aux ...tats-Unis ou en Europe. Certains systèmes fonctionnent comme de simples points de fidélité, d’autres proposent de familiariser les adolescents avec l’argent, voire avec la Bourse (Doughnet). Quelques-uns appliquent des méthodes fort peu recommandables. « Les entreprises demandent parfois des informations très personnelles de façon déguisée », observe Pascale Leblanc, la présidente de Youthopia Communication, société de conseil en marketing jeunesse. Au détour d’un jeu ou d’un chat, l’entreprise interroge l’adolescent sur sa musique préférée, les gadgets qu’il serait prêt à acheter... « Sans rien demander sur son âge ou son adresse, les marchands établissent, l’air de rien, l’empreinte numérique de l’adolescent. Puis ils lui envoient des propositions commerciales très ciblées », déplore Pascale Leblanc. Quoi de plus merveilleux que de se voir proposer la console de jeux dont on rêve à un prix « incroyable » ? Un seul clic et le tour est joué. L’ado est comblé, le commerçant se frotte les mains, Rocketcash touche sa commission. Et les parents n’ont peut-être même rien vu. La loi américaine n’exige leur contrôle que si l’enfant est âgé de moins de 13 ans.
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