8/01/2001 • 19h19
L&H maqué avec les espions
Le spécialiste américano-belge des technologies du langage dérape sur un nouveau scandale, à base d’espionnage et peut-être de blanchiment.
Après le coup de théâtre de la mise imminente en faillite, un nouveau rebondissement vient entacher la réputation du groupe d’origine belge Lernout & Hauspie. Le leader européen des technologies vocales et linguistiques appliquées à l’informatique accumule les scandales. Des comptes truqués dans ses filiales asiatiques avaient provoqué sa dégringolade boursière. Cette fois, il s’agit d’une affaire d’espionnage international, révélée par le journal belge De Standaard. La société collabore avec le Bundesnahrichtensdienst (BND, les service secrets allemands) via une trentaine de sociétés écrans. Ces dernières, surnommées les LDC (Language Development Companies), ont obtenu des licences pour utiliser les technologies de pointe de L&H. À savoir : des moteurs de recherches linguistiques, des dictionnaires logiciels en langues multiples, des applications de reconnaissance vocale... Autant de choses dont raffolent les espions qui nous écoutent babiller sur les réseaux, qui nous "échelonnent". De fait, il y a eu collusion d’intérêts entre les services secrets allemands - dont l’agent Stephen Bodenkamp (vrai nom : Christoph Kionowski) montait des petites boîtes en série afin de récupérer les technologies à pas cher -, et L&H, qui faisait gonfler artificiellement son cours en Bourse à chaque nouveau contrat signé. Illégalement. Que les L&H du monde entier travaillent avec les services d’espionnage n’a rien d’étonnant. Mais il y a autre chose : il se pourrait qu’on ait recouru aux dollars des blanchisseurs d’argent pour financer les LCD. Même si c’était une révélation orchestrée par les services américains, soucieux de maintenir leur place dans le secteur stratégique du traitement de l’information, voilà qui est bien crapuleux...
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