Goa, le site de France Télécom Multimédia, et Zone Jeux, lancé par le groupe Infosources, sont les pionniers du portail de jeu on line en France. Ils comptent bien sur ce statut pour rester leaders sur le marché.
Attirer
le joueur, cest une véritable entreprise
de séduction". Fabrice Lacroix,
directeur général de Zone Jeux, dit
les choses comme elles sont. Et pour ce site, mis
en ligne par Infosources ex-Infonie
le 4 novembre dernier, il semble que lentreprise
soit une réussite. En moins de quatre mois,
Zone Jeux revendique 80 000 membres. Cest
beaucoup mais cest moitié moins que
Goa, le portail de France Télécom,
lancé en mai dernier, et qui affiche déjà
170 000 inscrits. Cest une nouvelle fois la
preuve que le jeu, aujourdhui, nest
plus lapanage des "hard-gamers",
mais fait bien son entrée dans le grand public.
Zone Jeux contre Goa, David contre Goliath, qui
va gagner ? La question ne se pose pas en ces termes.
"À deux, il ny a pas de concurrence,
explique Fabrice Lacroix. Laffrontement réel
commencera lorsquon sera trois, quatre ou
cinq sur le secteur." Ce qui ne devrait
pas tarder, puisque plusieurs opérateurs
sy intéressent de très près
(lire "La guerre du jeu
on line a commencé").
"Nous ne sommes pas des philanthropes"
Via ces deux sites, le joueur a aujourdhui
accès à un large panel de jeux : dune
part ceux qui sont disponibles grâce à
un CD-Rom acheté dans le commerce, et dautre
part ceux qui se jouent à partir de petites
applications contenues sur les pages Web. Mais,
dans tous les cas, la rapidité des connexions
doit être excellente. Un site qui "rame"
nest pas, par définition, un site de
jeu. Chez les uns et les autres, les moyens mis
en uvre pour faciliter la navigation sont
énormes. Zone Jeux revendique une vingtaine
de serveurs, dont une dizaine exclusivement dédiée
à léchange de données
entre joueurs. Chez Goa, on en dénombre 56.
Tout ça pour une offre gratuite ? Pas vraiment.
Car le trafic généré par les
jeux est impressionnant : six millions de pages
vues en janvier pour Goa et 450 000 sessions. Zone
Jeux affiche cinq millions de pages vues et un million
de sessions. En moyenne, linternaute reste
connecté 45 minutes chez lun, contre
18 minutes chez lautre. De quoi diffuser de
la publicité à un public très
nombreux et très ciblé. "Nous
ne sommes pas des philanthropes", avoue
Francis Perrin, responsable éditorial de
Goa. Si laccès au site est gratuit,
cest donc par la pub que les portails se rémunèrent.
"Les joueurs sont des gens équilibrés,
reprend par ailleurs Francis Perrin. Ils lisent,
écoutent de la musique, consomment
"
Les sites de jeux comptent aussi sur le-commerce
pour atteindre léquilibre financier.
Séduire un public volatil
Le trafic de masse, condition sine qua non de la
survie des portails, risque pourtant de décroître
avec larrivée de sites concurrents.
"Les joueurs sont extrêmement volatils",
confirme Francis Perrin. Comment les retenir ? En
multipliant les actions de séduction. En
ce moment, Goa teste une solution de chat audio
pour que les joueurs puissent se parler entre eux
pendant les parties. Et compte sur lexpertise
dadministrateur réseau de France Télécom
pour offrir la meilleure qualité de service.
Parmi les concurrents, les éditeurs de jeu
vidéo sont étroitement surveillés.
Car sils mettent en ligne des serveurs contenant
leurs propres jeux, il y a de fortes chances pour
quils interdisent lexploitation de ces
derniers sur des portails concurrents. Ce qui restreindrait
loffre des sites généralistes...
"Pour linstant, la situation est encore
ouverte, raconte Fabien Lacroix. Mais elle
est amenée à se durcir."
Cest pour cette raison que Zone Jeux développe
aussi des jeux classiques, comme les dames ou les
échecs. Et mise sur la qualité des
services plus que sur la gamme de jeux pour conserver
un public de joueurs. Versatile par nature.