Yahoo : ce n’est pas fini.
D’accord, on a mis du temps avant de publier un édito sur la décision de Yahoo d’arrêter de proposer des enchères sur les objets nazis. Mais l’affaire est sérieuse.
Et pas facile. Bien sûr, on ne peut que se féliciter qu’une société aussi importante que Yahoo ait renoncé à se faire le relais d’une propagande, même si elle n’avait pas initié cette propagande, et que rien nous permet de croire qu’elle en partageait les idées. Mais Yahoo est un leader mondial, une société à l’image de marque forte, et à la responsabilité proportionnelle. Donc bravo pour avoir stoppé, même s’il a fallu un procès et une longue procédure. Les raisons invoquées pour arrêter ne nous intéressent pas directement. Que Yahoo ait cherché à sortir, sans trop perdre la face et sans admettre qu’elle cédait, d’une situation qui pouvait, à terme lui apporter plus de problèmes que d’avantages, c’est probable. Que ce soit fait par pur intérêt commercial plus que par conviction, c’est aussi probable. Mais les faits sont là : c’est fini.
Le problème de fond, lui demeure : il y a des milliers de sites Internet qui insultent nos convictions, quelles qu’elles soient. Et une partie d’entre eux violent ainsi nos lois françaises, voire les lois européennes. Ces sites sont aux Etats-Unis, mais aussi en Russie, au Costa-Rica, à Taiwan, ou... n’importe où. Ils ne sont pas contraires aux lois locales. Seulement (si on peut dire), à nos lois.
Qu’allons-nous faire, à l’avenir, avec ces sites ? Demander, aussi, que l’internaute français n’y ait plus accès ? La décision de Yahoo ne résout rien. Elle règle un cas, pas un principe. Le débat est très important, et mérite d’être lancé de façon dépassionnée, maintenant que le cas d’espèce Yahoo ne se pose plus. Doit-on permettre à chaque Etat de demander aux sites étrangers qui lui déplaisent (légalement parlant) de faire bloquer l’accès à ses ressortissants ? Doit-on aller vers une loi mondiale au plus petit dénominateur commun, et imposer une sorte de menu mondial de la liberté d’expression. Ou doit-on tolérer des positions extrêmes (voire extrêmistes) exprimées sur le réseau mondial, à partir d’Etats qui, soit ne pensent pas comme nous (attendons ce que les Talibans vont dire en ligne...), soit ont une conception ultra-libérale de la liberté d’expression ?
Sur Transfert.net, nous allons ouvrir le débat dès cette semaine. Avec des forums et des contributions. N’hésitez pas à nous donner votre avis.