Il y a quatre ans, lorsque nous nous sommes lancés dans le game service, nous étions les premiers et nous étions les meilleurs", raconte Yves Guillemot, président de la société Ubi Soft. "Pod", course de voitures futuristes, était d’ailleurs l’un des premiers jeux en France à proposer à différents joueurs de se défier, via un serveur, en simultané. Mais à l’époque, en 1996, la société hésite à s’engager d’avantage sur le créneau du jeu en ligne. "C’était un énorme investissement et nous ne pouvions attendre aucune retombée à court terme", se justifie Yves Guillemot. Exactement à la même période, la société américaine Mpath s’intéresse elle aussi au jeu on line et se pose les mêmes questions. Finalement, Ubi lève le pied sur le "game service" tandis que Mpath investit et lance un site baptisé Mplayer.com. Mpath vaut aujourd’hui 500 millions de dollars en bourse...

Affaire de famille

Aujourd’hui, Ubi Soft accuse un peu le coup mais entend bien rattraper son retard en lançant le portail de jeux Gameloft.com. Pour monter ce site, dont l’ouverture officielle est prévue en mai prochain, Ubi Soft (créée par les cinq frères Guillemot) s’est alliée avec Guillemot Corporation (autre société des mêmes frères), fabricant de matériel et d’accessoires informatiques, pour monter une nouvelle firme. Répartition du capital : 20 % pour Ubi, 20 % pour Guillemot Corporation et 60 % pour la famille, à titre personnel. Un portail tout Ubi ? Pas du tout, puisque Game Loft abritera plus de trois cents jeux produits par différents éditeurs. Le but de l’opération est d’attirer la plus grosse communauté de joueurs possible et doubler les portails déjà existants, comme Goa ou Zone Jeux.

Game Boy qui téléphonent

Mais les frères Guillemot ont décidé d’aller plus loin et se lancent dans le jeu sur téléphone portable, via le Wap (Wireless application protocol). Autre projet, autre société  : Ludi Wap possède la même structure familiale (toujours 20 %, 20 %, 60 %). Dirigée par Michel Guillemot, vice-président d’Ubi Soft, Ludi Wap sera chargée de développer des applications pour cellulaires et de les tester au Japon. Au pays du Soleil Levant, le I-mode (l’Internet par cellulaire, l’équivalent du Wap) fait littéralement fureur : depuis l’apparition de ce protocole de communication en février 1999, plus de 5 millions de Japonais se sont équipés du téléphone adéquat, et peuvent accéder à plus de 3 000 sites développés par 400 fournisseurs d’accès différents. Par ailleurs, selon Michel Guillemot, les téléphones japonais devraient offrir, d’ici à la fin 2000, des écrans suffisamment confortables pour jouer. Là encore, l’argument majeur de vente sera le jeu en réseau. Si elle réussit à séduire les Japonais, Ludi Wap s’implantera en Europe et aux ...tats-Unis en 2002. D’ici là, Nintendo aura commercialisé (en août prochain) la Game Boy "advanced"  : une petite console de jeu communicante. C’est là où le phénomène devient marrant : d’ici peu, il sera sans doute difficile de faire la différence entre les téléphones qui jouent et les Game Boy qui téléphonent…