Et un de plus... Un nouvel incubateur va encore prendre racine à Paris. Son fondateur, Philippe Hayat, l’imagine comme un "campus de start-ups". Rencontre et entretien.
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Julie Krassovsky / Transfert
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Philippe
Hayat est satisfait. Vendredi 4 février, il
a signé les statuts de son "incubateur".
Il na pas encore choisi de nom. : "On
sest donné encore un peu de temps pour
le choisir. Ce sera une appellation déclinable
à léchelle européenne et
évoquant un lieu motivant et convivial."
Mystère
En attendant, lex-chef
dentreprise (ex-spécialiste de la "bâche
publicitaire"), cavale, optimiste, de rendez-vous
en réunions pour achever les derniers préparatifs
de sa future pépinière. Une vieille
idée, cette pépinière. Philippe
Hayat y pense depuis quelques mois déjà
une éternité en temps Internet.
Ce nest pourtant que début décembre
quil a franchi le pas, contacté quelques
connaissances, passé une multitude de coups
de fils et constitué une équipe de six
"coachs", tous anciens chefs dentreprise.
Il clôt ensuite un tour de table de 20 millions
de francs et réunit avec lui quatre actionnaires
importants : Fabrice Grinda (fondateur dAucland),
Gael Duval (directeur général de B2L),
Patrick Robin (PDG dImaginet) et son frère
Serge Hayat (fondateur de Visionshare). Principe :
"Tous les actionnaires devront consacrer un
temps précis à lincubateur. Il
y aura une forte implication de leur part."
Mais pas question dannoncer un minutage précis
de leur collaboration : les quatre investisseurs de
choc doivent ménager les susceptibilités
de leur société respective. Diplomatie
oblige. Pour linstant, Philippe Hayat cherche
encore des locaux (4 000 m2 dans le Sentier, là
où toutes les start-ups emménagent),
mais une quinzaine de projets ont déjà
retenu lattention de léquipe. Rencontre
et entretien.
)transfert : Comment
procédez-vous pour la sélection des
projets ?
Philippe
Hayat : La première sélection
se fait avec léquipe de six permanents.
Le candidat fait une présentation finalisée
de son idée en deux heures. Ensuite, léquipe
recherche ce qui existe déjà dans le
domaine. On a une antenne permanente qui vérifie
les business models qui sont sur le marché
américain depuis deux ans. Cest moi qui
les passe en revue. Si le projet retient notre attention,
léquipe présente le projet au
comité dactionnaires qui létudie
et convoque le créateur si le concept lui plaît.
On organise alors une deuxième série
de rendez-vous.
Avez-vous des critères précis de
sélection ?
- Oui et non. Comme on prend des projets très
en amont, on se demande quand même, en premier
lieu, si la personne en face de nous est apte à
porter un projet. Son assurance, sa capacité
à convaincre et à bien sentourer
est importante. La formation et lexpérience
ne sont pas essentielles, mais cela reste un atout.
Si un créateur vient nous voir avec un projet
télécom et quil a déjà
bossé dans le secteur, cest un plus pour
lui. Après on juge la nouveauté du projet
et limportance du marché auquel il se
destine.
Comment expliquez-vous la multiplication de structures
comme la vôtre ?
- Cest vrai quil y a, en ce moment, quelques
autres projets dincubateurs qui se montent.
Mais le métier dincubateur nest
pas nouveau. Le business angel est une sorte dincubateur
personnel. Ce qui est nouveau, cest lindustrialisation
du financement des projets. Car le besoin existe.
Dun côté, on trouve beaucoup de
capital-risqueurs qui se lancent dans des projets,
mais seulement lorsquils sont déjà
en place et structurés. De lautre côté,
on a beaucoup de projets mais qui ne disposent que
rarement de structures opérationnelles. Dans
ce contexte lincubateur est donc un plus. Il
représente une véritable aide pour les
créateurs.
Selon vous, en quoi votre pépinière
se différencie des autres incubateurs ?
- Aujourdhui, tout le monde peut dire : on a
beaucoup dargent. En revanche, très peu
peuvent dire : on a une équipe de chefs dentreprise
et de bons projets. Jai donc constitué
une équipe à temps plein avec six "coachs"
qui sont tous des anciens chefs dentreprise,
très expérimentés dans leurs
domaines : la finance, le marketing, la jurisprudence.
Après, la différence se fera au niveau
des success stories que chacun va incuber
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