Fondé en mai 2000, l’allemand Venture Park est, avec le néerlandais Gorilla Park, l’un des principaux incubateurs européens, présent à Berlin, Munich, Paris, Madrid et Varsovie. Interview de Vargha Moayed, 36 ans, directeur de Venture Park France.
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Transfert - Les incubateurs traversent une période très difficile. Ne sont-ils pas trop nombreux, aussi bien aux ...tats-Unis qu’en Europe ?
Vargha Moayed - S’il y a autant d’incubateurs, c’est qu’ils répondent à un besoin réel. Cela dit, c’est vrai que tout le secteur a besoin de rationalisation. Les incubateurs doivent s’appliquer les mêmes règles de rigueur qu’ils imposent à leurs start-ups. On voit d’ailleurs des incubateurs évoluer, se faire payer pour des services auparavant gratuits ou prélever des commissions sur des levées de fonds. Mais tous n’ont pas les capacités d’adapter leur modèle économique à la nouvelle donne financière. Un certain nombre d’entre eux mourront.
Comment Venture Park s’est-il adapté à cette nouvelle donne financière ?
Côté financement, le groupe a levé 34 millions d’euros (223 millions de francs) en août et nous envisageons un deuxième tour au plus tard à la fin du deuxième trimestre 2001. Côté modèle économique, nous avons mis en place une activité de conseil aux grandes entreprises qui souhaitent faire de l’essaimage de projets. Cela crée une source de revenus récurrents, ça nous permet de couvrir nos coûts fixes. Mais nous ne devenons pas pour autant une entreprise de conseil.
Ces moyens suffiront-ils pour traverser la tempête ?
Le premier trimestre 2001 sera sanglant pour les incubateurs et ça restera très dur jusqu’à l’été. Pour tout le monde, la question est donc : aurons-nous assez de fonds pour tenir jusqu’à l’été ? La dernière levée nous permet de tenir jusqu’en 2002. Et cela, sans compter les revenus de l’activité conseil aux grands groupes. Nous sommes donc sereins et préparons notre deuxième et dernière levée de fonds pour l’été 2001.
Pronostiquez-vous un mouvement de concentration du secteur ?
Je n’y crois pas. Lorsqu’un incubateur est en échec, il n’y a pas grand-chose à récupérer. Et ce n’est pas surprenant : on en a vus se monter sur un simple carnet d’adresse, avec un peu de conseil autour. D’autres avaient des locaux et se sont dit : "On va faire du conseil." Il y a eu beaucoup d’opportunisme à une période où l’argent était facile. En fait, il y avait tellement d’argent que les investisseurs étaient en concurrence. Les start-ups leur disaient : "De toute façon, si vous ne nous financez pas, un autre le fera." Aujourd’hui, le secteur de l’incubation va connaître une phase d’écrémage. Ce n’est pas grave, c’est un phénomène darwinien. On a vu la même chose avec l’explosion des radios libres en France au début des années 1980. Aujourd’hui, seuls les professionnels ont survécu.
Une question d’actualité. Deutsche Telekom serait sur le point de racheter l’agence Web Pixel Park, votre principal actionnaire (à hauteur de 36 %). Cela change-t-il la donne pour vous ?
Pas de commentaire. Nous verrons. Ce n’est qu’une rumeur.