À l’occasion d’un colloque qui se tenait jeudi dernier à Mayence, les spécialistes du BKA, le FBI allemand, ont souligné l’augmentation rapide du nombre de sites pédophiles et racistes. Napster serait également devenu un lieu d’échange privilégié pour la musique néo-nazie.
La pédophilie sur Internet est devenue un "délit de masse" a déclaré le commissaire principal Holger Kind, spécialiste de la question au BKA, l’équivalent du FBI en Allemagne. Ainsi, en 1999, le BKA a détecté près de 2 100 sites pédophiles contre seulement 1 000 en 1998. Soulignant tant l’augmentation de l’offre que de la demande, M. Kind a cité l’exemple navrant d’un site pédophile surveillé par le BKA pendant l’été et ayant reçu près de 14 000 visiteurs en une seule journée. Les serveurs proposant des "galeries" de plusieurs dizaines de milliers de photos et les bourses d’échanges de photos de mineurs sont également de plus en plus nombreux, a-t-il ajouté.
Toujours selon les experts de la police criminelle fédérale, ces statistiques ne représentent que la partie immergée de l’iceberg. Le travail du BKA s’avère compliqué : la plupart des sites en question se trouvent hors des frontières allemandes. Seulement 15 % des sites pédophiles s’adressant aux Allemands sont ainsi "diffusés" d’Allemagne. 50 % le sont à partir des ...tats-Unis où la pédophilie tombe pourtant sous le coup de la loi.
Napster et les nazis
Bien qu’extrêmement bureaucratique, la collaboration avec les autorités judiciaires américaines ne pose néanmoins pas de problème dans le domaine de la pédophilie. En revanche, ce n’est pas le cas en ce qui concerne la lutte contre les sites racistes et néo-nazis. La majeure partie des 2 000 sites de ce type, en langue allemande, est diffusée à partir des ...tats-Unis où la propagation des idées d’extrême droite, liberté d’expression oblige, n’est pas répréhensible.
Par ailleurs, dans un reportage récemment diffusé par la NDR, une chaîne régionale de télévision, des responsables de l’Organisme de protection de la Constitution de Basse-Saxe (l’équivalent des renseignements généraux), ont souligné que le système d’échanges de fichiers musicaux Napster était une intense plaque tournante d’à peu près tous les titres musicaux néo-nazis ou à contenus racistes interdits en Allemagne. Bertelsmann, partenaire de Napster, a reconnu les faits en soulignant que Napster n’était qu’une "plate-forme technique d’échanges" où les contenus n’étaient absolument pas contrôlés. La mise en place d’un logiciel permettant ce type de contrôle n’est pas prévue pour l’instant.