Services payants et diversification
En attendant, puisqu’il faut bien vivre, tous ont sorti le " kit spécial disette financière ". Une bonne dose de patience, une mesure de services payants, un brin d’humilité et une pointe de diversification constituent les principaux ingrédients de la " nouvelle incubation ". Côté services payants, Tocamak (ex-Défi-Start-Up) facture les services fournis à ses rejetons. " Nous l’avons toujours fait et c’est ce qui nous distingue des autres, assure Antoine Decitre, le directeur général de l’incubateur. Sur ce point, nous n’avons pas changé ". En fait, les prix ont été cassés pendant la période faste de l’hiver dernier, puis ont singulièrement remonté depuis six mois. Résultat : 10 millions de francs de chiffre d’affaires sur ces six derniers mois, et Antoine Decitre promet la rentabilité avant juin 2001.
Côté diversification, plusieurs incubateurs lorgnent vers les grandes entreprises. Start-Up Avenue - un incubateur de projets " BtoB " - s’est ainsi orienté vers le conseil. " Nous développons des projets avec les groupes industriels, explique Alain Lévy, fondateur et co-président de l’incubateur. Nous conseillons des entreprises qui souhaitent externaliser des projets de start-ups, que nous accueillons ensuite au sein de notre incubateur ". Ici, conseils et incubation sont payants. En s’adressant à une demande solvable, Start-Up Avenue s’assure un matelas de revenus qui lui permet de financer l’incubation de ses propres start-ups.
Un brin d’humilité
Côté humilité, Cyber Capital déploie une logistique allégée. " Nous ne proposons pas de locaux car nous n’avons pas de valeur ajoutée à apporter dans ce domaine ", explique Dominique Bourse, le directeur général. Cyber Capital se situe en fait entre business angel et incubateur, investissant à chaque fois entre 500.000 et 3 millions de francs, dans une logique de constitution d’un petit groupe. " En étant impliqués dans le management au quotidien nous sommes d’ailleurs une caution pour les fonds d’investissement : cela évite les dérapages en termes de management, souligne Dominique Bourse. La structure " light " - associée à un capital de départ de 20 millions de francs - permet même d’investir à l’étranger. Je reviens de Montréal au Canada, il y a une bonne fenêtre de tir en ce moment ".
Au chapitre international, le ton est très différent chez Kangaroo Village. Au mois de février, son PDG Philippe Hayat cherchait pour son incubateur " une appellation déclinable à l’échelle européenne ". Aujourd’hui Kangaroo a renoncé à ses ambitions internationales et, avec huit personnes et seulement quatre participations, jouerait presque les modestes. Philippe Hayat se félicite de ne dépenser qu’un million d’euros par an (moins de 7 millions de francs). " Nous ne dépasserons pas le cap de 10 ou 12 entreprises incubées. Du coup nous sommes à l’aise financièrement jusqu’à la fin 2001. Et il n’est pas question de nous orienter vers le conseil : nous restons un incubateur ". Et de conclure : " Nous restons une petite boutique artisanale ".
Tant d’humilité de la part des uns et des autres tranche avec les fanfaronnades de l’hiver dernier. Mais si les incubateurs ont fait leur mea culpa, ils restent encore très sûrs d’eux. Inutile, par exemple, d’évoquer l’hypothèse de regroupements entre eux : tous balaient cette option d’un revers de la manche. Tous guettent aussi le prochain rayon de soleil, signe annonciateur de leur réussite en solo. Mais, paraît-il, la météo est bien capricieuse.
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