Une bande de baroudeurs, la Nomad Community, est en train de parcourir la Terre en suivant, au quotidien, les instructions virtuelles des internautes.
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Au début de l’espèce humaine et pendant deux millions d’années, les peuples étaient nomades (...). Aujourd’hui, apparaît le Nouveau Nomadisme." C’est sur cette sentence, un tantinet grandiloquente, que s’ouvre le site de Nomad Community. Le reste suit. Car cette poignée d’aventuriers, qui arpentent actuellement les ornières du vaste monde, entend inviter les internautes à "
créer de nouveaux chemins et de nouvelles Expériences" et constituer le "
Nouveau Peuple". Mais qu’on ne se méprenne pas sur ces propos aux relents new-age un peu indigestes : l’aventure de ces cinq baroudeurs français, italien et polonais est vraiment exaltante.
Grosses rigolades
Partis le 12 décembre de Rome, ils ont en tête de parcourir quatre des cinq continents, caméra et appareil photos numériques au poing pour témoigner au jour le jour de ce qu’ils observent. Lors de leur périple, qui durera quatre mois environ, ils verront l’Afrique du Sud, l’Asie du Sud-Est, l’Australie et l’Amérique latine avant de regagner le Vieux Continent d’ici à la fin mars 2001. Mais il ne leur suffit pas de faire partager leur carnet de bord où ils compilent leurs rencontres, leurs découvertes et leurs grosses rigolades du jour. La communauté virtuelle guide leurs pas, en votant tous les trois jours du programme à venir. Exemple des activités à choisir : En Afrique du Sud, les membres de la "Car@van" devront-ils "bronzer au milieu d’une troupe de phoques, chevaucher une autruche" ou bien "faire du rafting sur une chambre à air" ? Devront-il aller vers l’est, en prenant un auto-stoppeur noir, ou l’ouest en prenant un Blanc ? Mais les préoccupations de ces Nouveaux Nomades ne s’arrêtent pas à des pochades d’étudiants en vacances : "Nous sommes des pragmatiques réalistes. Nous sommes conscients des problèmes sociaux et politiques des pays que nous traversons et nous voulons sensibiliser notre communauté virtuelle", explique Alexandre de Boucourt, le Français de l’équipe, qui espère consacrer un mois à chaque continent visité.
Habiter une planète
Il souhaite aussi que des internautes alléchés par les paysages exotiques laissent tomber leur clavier, plient bagages et rejoignent l’équipée, à leurs frais. D’ailleurs, deux voyageurs virtuels ont déjà grossi les rangs de la Nomad Community, affirme t-il, ce qui va dans le sens de leur "philosophie". "Nous nous sommes inspirés d’un mouvement américain, le Nouveau Nomadisme. Nous défendons le fait que les hommes n’habitent pas un pays, mais une planète et qu’ils doivent partir pour s’enrichir au contact de toutes les cultures", soutient Alexandre de Boncourt.
Ce point de vue n’est pas d’une nouveauté fracassante, mais il a convaincu des partenaires comme l’opérateur italien Omnitel (qui gère le site), le couturier Benetton et l’édition française du mensuel National Geographic, qui relate les aventures de la Car@van sur son site : "On a adoré leur philosophie. Ce sont un peu les nouveaux babas, ça nous correspond bien", s’enthousiasme Sylvie Froschl, du National. Il faut dire que l’initiateur de ce voyage n’est pas un débutant. Il y a deux ans, Matteo Pennacchi avait déjà traversé le monde sans un sou en poche et sans valise, un exploit qui lui a ouvert les portes du Livre des Records...