Le suspense n’aura pas tout à fait duré un an. Le temps nécessaire pour que l’autorité du commerce américain obtienne des concessions qui, selon elle, préservent la concurrence.
Score sans appel. Par cinq voix contre zéro, comme un seul homme, les commissaires de la FTC ont fini par donner leur feu vert. Depuis l’annonce de la fusion, le 10 janvier 2000, entre AOL, premier fournisseur mondial d’accès à internet avec 24 millions d’abonnés, et Time-Warner, numéro un mondial des médias et du câble, fort de 20 millions d’abonnés aux ...tats-Unis, il aura donc fallu près d’un an de négociations acharnées pour que les autorités fédérales finissent par accepter la naissance du premier groupe mondial de communication. Par deux fois, estimant les concessions insuffisantes, l’autorité américaine avait repoussé sa décision.
Présent à la fois dans les journaux, la télévision, le cinéma, la musique et sur Internet, le nouveau groupe devrait totaliser la bagatelle de 41,3 milliards de dollars en 2001. D’un montant record de 109 millions de dollars, le "deal" qui incarne désormais l’alliance entre "contenants" et "contenus", avait suscité les critiques de concurrents et d’association de consommateurs, inquiets de la position dominante pour le futur géant sur Internet.
Concessions importantes
Pour l’accepter, la FTC aura donc réclamé - et obtenu - de nombreuses concessions. Selon le Wall Street Journal, les patrons d’AOL et de Time Warner ont signé in extremis un accord dans la soirée du mercredi 13 décembre. Celui-ci prévoit que Time Warner, dans les villes dont il exploite les réseaux câblés, autorisera au moins un concurrent d’AOL à offrir des services internet à haut débit, avant d’en ouvrir l’accès à AOL. Ultime concession : dans nombre de ces villes, le groupe sera également tenu d’ouvrir ses "tuyaux" à deux concurrents supplémentaires dans les 90 jours après le démarrage du service AOL, puis à trois autres si c’est techniquement possible.
Le feu vert de la FTC était devenu plus probable ces dernières semaines. Notamment après que, sur la pression de celle-ci, Time Warner ait conclu un accord ouvrant l’accès de ses réseaux câblés au deuxième fournisseur d’accès américain, EarthLink, afin qu’il puisse offrir des services à haut débit.
Les deux groupes ont annoncé qu’ils comptaient boucler l’opération avant la fin de l’année ou au tout début 2001. Voilà donc CNN, Warner Music, Cartoon Networks, Sports Illustrated, Fortune réunis à Compuserve, Netscape et ICQ instant messaging, en une seule entité. Les dirigeants du nouveau géant, Steve Case et Gerald Lewin, vont donc pouvoir s’appliquer à en tirer toutes les synergies. "Il est assez "conservateur" de penser que le groupe va croître de 8 à 12-15% par an pendant au moins les 10 prochaines années. C’est l’avantage, c’est ce que la fusion crée d’unique", confiait récemment à Transfert Youssef Squali, analyste financier chez ING-Barrings à New York. En pronostiquant : "Ça ne m’étonnerait pas qu’AOL fasse une acquisition de type Time Warner en Europe."