Liberty Surf a déposé, le 17 novembre dernier, une plainte contre France Télécom devant l’Autorité de régulation des télécommunications. Motif : des tarifs trop élevés pour la vente des liaisons ADSL.
Le long et complexe dossier de l’ADSL (Asymetric Digital Subscriber Line), l’Internet à haut débit, s’épaissit chaque jour un peu plus. La plainte déposée le 17 novembre dernier par Liberty Surf Télécom, filiale de Liberty Surf, devant l’Autorité de régulation des télécommunications (ART), en constitue un nouveau rebondissement. À l’origine de cette plainte : les prix de vente des liaisons ADSL. Le 17 avril dernier, France Télécom remettait en effet au Conseil de la Concurrence l’offre "ADSL connect ATM". Une offre qui devait permettre aux opérateurs téléphoniques de maîtriser une bande passante, facturée par France Télécom, et de proposer aux fournisseurs d’accès à Internet (FAI) leurs propres services. Testée à titre expérimental par les FAI depuis juillet, l’"ADSL Connect ATM" est apparue satisfaisante techniquement. Mais les tarifs proposés par France Télécom demeurent trop élevés aux yeux des opérateurs. "France Télécom propose des tarifs qui deviennent acceptables au bout de trois ans seulement, pour obliger les FAI à s’engager à long terme, ce qui n’est pas normal", regrette Eric Denoyer. Selon lui, c’est après avoir longuement discuté avec l’opérateur historique et compris que ce dernier ne modifierait pas ses tarifs que Liberty Surf a déposé sa plainte. "Nous agissons en porte-parole de la plupart des opérateurs français, explique Eric Denoyer, directeur général de Liberty Surf Télécom. Nous sommes nous-mêmes très impliqués dans l’ADSL, donc particulièrement concernés par le débat."
Liberty Surf soutenu par les autres opérateurs
Selon un de ses délégués, l’Association française des opérateurs privés des télécommunications (AFOPT), qui regroupe des opérateurs comme Cegetel, 9 Télécom, ou encore Bouygues Télécom, "soutient l’action de Liberty Surf". La regarde même "d’un œil bienveillant". Un soutien naturel puisque les providers qui veulent proposer l’ADSL à leurs clients doivent encore passer par l’opérateur historique. Jusqu’à la mise en œuvre du dégroupage. France Télécom refuse quant à elle de se prononcer sur le sujet, attendant la décision de l’ART, prévue dans un délai de trois mois. "En attendant l’arbitrage, France Télécom va essayer de se maintenir une position dominante", note Nicolas Pinton, directeur des réglementations et de l’interconnexion à Liberty Surf. France Télécom peut en effet espérer jouir encore quelque temps de sa position privilégiée. Mais, comme le souligne Jean-François Hernandez, chargé de communication à l’ART, "l’année 2001 sera incontestablement celle de l’ouverture à la concurrence".