Kevin Warwick, l’homme qui s’est fait greffer une puce sous la peau, récidivera en 2001 en reliant cette fois la puce aux fibres nerveuses. Et il donne rendez-vous au monde entier.
La puce de première génération implantée sous la peau : 23 x 3 mm.DR |
Pas peu fier, Kevin Warwick possède un site web à son nom où il pose, parfois en extase, sur des photos accompagnant des présentations de projets de recherche dont il est le héros. Celui qui s’est fait greffer une puce sous la peau, c’est lui (lire
Ma puce, je t’ai dans la peau). Celui qui a fait les gros titres des journaux du monde entier et la couverture de
Wired cette année, c’est encore lui (
Wired qui n’hésitait pas d’ailleurs à revenir sur le personnage dans un article en ligne plutôt vachard). Et c’est lui encore qui se fera greffer une puce d’un nouveau genre dans le bras gauche à l’été 2001, une puce qui sera cette fois raccordée aux fibres nerveuses. C’est le projet qu’il a appelé Cyborg 2.0.
Bête de cirque
Directeur du département de cybernétique de l’université anglaise de Reading, Kevin Warwick est plus qu’un scientifique. C’est aujourd’hui une bête de cirque adorée des médias (et l’amour est réciproque). Un groupe de journalistes anglais tient d’ailleurs à jour un site qui suit ironiquement la carrière de Kevin Warwick à travers les articles de presse qui lui sont consacrés.
Cyborg 1.0, l’expérience menée en 1998 tenait finalement plus de la sociologie que de l’expérience scientifique. La puce greffée sous la peau était simplement détectée à distance par un signal radio et n’était finalement qu’une carte d’identité électronique, dont la technologie est depuis longtemps connue des fabricants de portiques antivol pour hypermarchés. Kevin Warwick est simplement l’homme qui, le premier, a osé se mettre un antivol sous la peau.
Dans le bras de sa femme
Avec Cyborg 2.0, le défi scientifique est plus risqué. Il faudra d’abord mettre en contact de façon satisfaisante et durable des fibres nerveuses du bras gauche avec les connecteurs de la puce. Ensuite, Kevin Warwick compte enregistrer (à distance, sur l’ordinateur, toujours grâce à des signaux radio) les informations électriques envoyées à la puce par les nerfs pour interpréter la corrélation entre ces signaux et les mouvements du bras ou d’un seul doigt. Il compte ensuite renvoyer le même type de signal à l’implant depuis l’ordinateur pour qu’il le transmette aux fibres nerveuses qui, il l’espère, reproduiraient les mêmes mouvements. Warwick espère également identifier le type de signal correspondant à la douleur pour ensuite le provoquer à nouveau grâce à l’ordinateur. L’étape suivante est encore plus folle : Warwick voudrait placer le même type d’implant dans le bras de sa femme, pour échanger des sensations avec elle. De sorte qu’elle pourrait, dans de futures versions du projet Cyborg, sentir si son mari est "content, dépressif, en colère ou même sexuellement excité". Warwick compte à terme utiliser l’ordinateur pour étendre les capacités du cerveau humain. Et devenir, enfin, un vrai Cyborg.
On attend l’épreuve et les preuves
Les thèmes développés ici devraient passionner les foules, mais la faisabilité scientifique du projet tel qu’il est présenté est douteuse. Aucun détail n’est fourni sur le site qui permettrait de comprendre comment Warwick compte provoquer des sensations de douleur ou reproduire un mouvement en n’étant seulement connecté qu’en quelques points de quelques fibres nerveuses du bras. Et l’expérience en neurologie du chercheur (spécialiste de l’intelligence artificielle avant tout) semble bien limitée par rapport à celles d’autres équipes qui travaillent depuis des années sur les interfaces entre cellules nerveuses et électrodes, notamment afin d’aider les handicapés à retrouver une certaine autonomie. Bref, le projet de Kevin Warwick, l’homme qui s’est rêvé cyborg, fait sourire la communauté scientifique. Mais l’humour anglais a ses limites.
L’article de CNN.com:
http://www.cnn.com/2000/TECH/comput...
Kevin Warwick Watch, site parodique:
http://www.kevinwarwick.org.uk/
L’article de
Wired:
http://www.wired.com/news/culture/0...
Le département de cybernétique de l’université anglaise de Reading:
http://www2.cyber.rdg.ac.uk/cyasp/
Le site de Kevin Warwick:
http://www.kevinwarwick.org/