Quelles solutions peut apporter Internet dans la lutte contre le sous-développement ? Le débat est encore embryonnaire. Une seule chose est sûre, le fossé qui sépare pays riches et pauvres dans le domaine du web ne cesse de grandir.
Avec l’arrivée de la Somalie sur le Web en septembre dernier, les 54 pays du continent africain sont aujourd’hui connectés au réseau, rappelle un article de Der Spiegel. Cependant, un rapport de la Banque mondiale montre que si le continent africain accueille 10 % de la population mondiale, il représente à peine 1 % de la communauté des internautes, environ 2,5 millions d’utilisateurs (70 % d’entre eux sont égyptiens et sud-africains). Ils sont 136 millions pour la seule Amérique du nord. Fin octobre 2000, à l’occasion d’un Africa Forum, organisé sous l’égide de la Banque Mondiale, du Fonds monétaire international (FMI) et de multiples entreprises privées du secteur des technologies de l’information, la décision de fonder un Africa technology forum " a été prise. Objectif : favoriser l’échange d’informations sur l’Internet entre pays riches et pauvres et créer un "environnement favorable" à l’implantation d’entreprises privées en Afrique. Au centre des discussions, un sujet désormais bien connu : la nécessité de libéraliser les économies africaines. Plusieurs ...tats, le Ghana notamment, se sont déjà avancés sur cette voie en privatisant tout ou partie des entreprises du secteur des télécommunications.
Simple opération de communication ?
Du côté des initiatives purement privées, Hewlett-Packard a lançé World e-inclusion, toujours en octobre dernier. Le projet prévoit la livraison de matériels informatiques aux pays en sous-développement pour une valeur d’un milliard de dollars. Cette livraison, qui doit concerner "près de 1 000 villages" en Afrique, en Inde ou encore en Chine, sera en partie gratuite et en partie financée par des programmes de développement gouvernementaux ou internationaux. À quel point l’initiative lancée par HP est-elle philanthropique ? Les avis sont partagés. "Les pays en voie de développement sont des régions à fort potentiel de croissance et sont les marchés du futur", estime Lyle Hurst, directeur de World e-inclusion. Martin Reynolds, vice-président de Gartner Dataquest à San José (Californie), n’est pas de cet avis : pour lui, il n’y a quasiment pas d’argent à gagner dans ces pays. "Pour HP, l’investissement sera amorti au mieux dans 10 ou 20 ans. Mais en termes de communication, l’opération est tout à fait positive", explique-t-il. L’initiative a été saluée par de nombreux africains, notamment le chanteur Youssou N’Dour qui finance un cybercafé et un centre de formation à l’Internet au Sénégal.