Pape des nouvelles technologies chez BNP-Paribas, Jean-Michel Billaut arpente depuis 27 ans les sous-sols du siège parisien. Précurseur de la banque sur Internet, ce Ch’timi est toujours à la recherche de quelques « Gaulois » à secouer.
Si vous croisez, vers six heures du matin, une petite Ford blanche, entre Montfort-l’Amaury et l’avenue Kléber près des Champs-Elysées, il y a de grandes chances que ce soit Jean-Michel Billaut qui se rend au travail, au siège de BNP-Paribas. Le « gourou » des nouvelles technologies dans la banque, le père de la fête de l’Internet, l’inspirateur de bien des start-ups françaises (Autovalley, BusinessVillage, Edubyweb, Kleline...), c’est lui.
Il faut se méfier de ce quinquagénaire à l’air bonhomme. Depuis son sanctuaire du deuxième sous-sol de l’ex-Compagnie bancaire, où il est rentré en 1973 comme économiste, il passe le plus clair de son temps à secouer le « Gaulois ». Une révolution technologique est en cours, répète-t-il : la France a suffisamment d’atouts pour trouver sa place dans la société de l’information, pourvu que ses élites se réveillent. On a vu Jean-Michel Billaut interpeller le Sénat sur le retard de l’administration en ligne, coller une promo d’énarques derrière un ordinateur pour leur faire découvrir le monde de demain, ou bien inviter des hommes politiques de tous bords pour critiquer leur programme high-tech. Quelle revanche pour le Ch’timi qui se faisait taper sur les doigts à l’école de la République, parce qu’il parlait le patois...
Sa liberté d’action, l’homme d’influence la doit à l’Atelier BNP-Paribas. Cette structure de veille technologique et marketing créée sur mesure en 1979, aujourd’hui dotée d’une webtélé et d’un journal, n’a pas sa pareille en France. André Lévy-Lang, alors patron de la banque, a eu l’intuition de laisser carte blanche à son employé. Il lui a même permis d’inviter la concurrence à s’exprimer dans les locaux de l’entreprise ! Cet Atelier est une sorte de cadeau pour service rendu. En effet, en 1981, Jean-Michel Billaut avait commencé à « évangéliser » la banque afin de mettre en place un service minitel pionnier de la prise de crédit en ligne. Ce fut chose faite en 1983. Bingo ! Le Cetelem, filiale de la banque, a fait une étonnante percée commerciale.
Aujourd’hui, BNP-Paribas tient toujours une place de leader dans la banque sur Internet, grâce aux coups de gueule et au lobbying de ce visionnaire-médiatiseur. Qui reste depuis 27 ans fidèle au poste, malgré les sirènes des dotcoms...