transfert.net./ OGM : du maïs au goût amer

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Pourra-t-on encore manger du pop-corn dans dix ans sans risquer de tomber malade ? Pas sûr. Le Conseil d’...tat en effet donné son accord, le 22 novembre dernier, pour que soient à nouveau commercialisés trois variétés de maïs transgénique. Ces trois variétés étaient interdites à la vente depuis septembre 1998, suite à des plaintes déposées par Greenpeace, la Confédération paysanne, et deux associations environnementalistes. Ces organisations ont estimé que les risques liés à la culture et à la consommation de ce maïs avaient été mal évaluées.

Un brouillon génétique

Or, selon Arnaud Apoteker, responsable des questions de biodiversité chez Greenpeace, il y a de fortes chances pour que le Conseil d’...tat se prononce également favorablement sur la légalité d’arrêtés concernant douze autres variétés de maïs génétiquement modifiés, contestés eux aussi par les mêmes organisations. Et si l’opinion publique se déclare hostile aux OGM (organismes génétiquement modifiés), les industriels de l’agroalimentaire pourraient, à long terme, passer outre. En particulier si les semenciers décidaient de ne mettre sur le marché que des variétés transgéniques de maïs, économiquement plus rentables. Un scénario catastrophe redouté par les écologistes, mais aussi par bon nombre de scientifiques. En effet, on connaît mal les risques liés à la culture et à la consommation de ces plantes. Le débat sur la nocivité générale des OGM touche jusqu’à la Commission du génie biomoléculaire, le comité français chargé d’examiner les demandes d’autorisation de mise sur le marché. L’un des ses membres, Gilles-Eric Séralini, professeur à l’université de Caen, auteur de OGM, Le Vrai Débat (1), met ainsi les pieds dans le plat. Son avis sur les trois variétés de maïs transgénique autorisées à la vente depuis le 22 novembre est sans appel. "Ce maïs, c’est la honte de la science, c’est un brouillon génétique, s’indigne-t’il. Il a été mal fait, mal évalué, et sera mal étiqueté." Comme de nombreux scientifiques, il estime que ce maïs transgénique a été créé trop vite. Une rapidité dictée par des exigences commerciales, au détriment des préoccupations scientifiques.

Pas d’études à long terme

Au niveau de sa composition, ce maïs comporte notamment, en plus de séquences jugées "indésirables" par Gilles-Eric Séralini, trois gènes étrangers provenant d’autres organismes. L’un d’entre eux est un gène de résistance à un antibiotique, l’ampicilline. Or, si ce gène facilite les manipulations génétiques, "il s’avère inutile puisqu’il n’améliore en rien la qualité de la plante", explique Gilles-Eric Séralini. De plus, aucune étude scientifique sur les risques liés la dissémination de ce gène n’a été effectuée. "En Europe, on meurt de résistances aux antibiotiques, et très peu de mesures sont prises pour enrayer ce phénomène", explique le chercheur. Un autre gène ajouté à l’ADN de ce maïs pose aussi problème : celui entraînant la production d’insecticide. Ce maïs est en effet résistant à une chenille, la pyrale. Or, les effets à long terme de cet insecticide sur la santé humaine n’ont pas été étudiés. La Commission du génie biomoléculaire a considéré qu’elle devait donner son avis sur une plante, et non pas sur un insecticide. Enfin, selon Gilles-Eric Séralini, la méthode de dosage des OGM n’étant pas homologuée, l’étiquetage ne saurait donner suffisamment d’informations pour ne pas bafouer les risques de santé, notamment d’allergies. Un constat au goût amer, qui incite, une fois de plus, à se méfier du contenu de nos assiettes.

(1) Dominos, ed. Flammarion

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