MP3.com et Universal ont trouvé un arrangement à l’amiable : le premier débourse 53,4 millions de dollars. En échange, le second abandonne toutes poursuites. C’est le début de l’ère légale pour mp3.com... qui envisage une version payante.
C’est une surprise : le procès opposant la maison de disque Universal à la firme mp3.com, ouvert lundi 13 novembre, s’est achevé le lendemain. Les deux entreprises ont en effet trouvé un accord à l’amiable, inespéré de la part du très procédurier groupe Seagram, maison mère d’Universal. Mais c’est fait : le N°1 mondial de l’édition musicale cesse de considérer que la firme californienne proposant des fichiers MP3 à télécharger, viole le droit d’auteur de ses artistes et abandonne les poursuites judiciaires. Universal permet même à mp3.com d’utiliser les morceaux de son énorme catalogue en toute légalité. Mais la somme réclamée à mp3.com en échange de ces concessions n’est pas mince : le juge Rakoff a fixé la somme à 53,4 millions de dollars, soit 374 millions de francs, somme dont la moitié sera reversée aux artistes. Par ailleurs, Universal envisage de rentrer dans le capital de mp3.com et de devenir le premier actionnaire du groupe.
Sauver les meubles
53.4 millions, c’est beaucoup plus que les 20 millions de dollars (140 millions de francs) réclamés par les quatre autres majors (Sony, EMI, BMG, Warner), qui s’étaient déjà arrangé avec le site de San Diego (à cela, s’ajoute la promesse de rémunération à chaque fois qu’un utilisateur de mp3.com télécharge un morceau et à chaque fois qu’il le réécoute). Mais c’est beaucoup moins que la somme qu’aurait pu débourser mp3.com à l’issue du procès : les estimations variaient de 825 millions à 1,7 milliard de francs ! La firme de Michael Robertson a donc sauvé les meubles et peut envisager sereinement d’entrer dans une ère légale.
Une consigne automatique
Les déboires judiciaires qu’a connus mp3.com ont de quoi surprendre. Car la société ne représentait pas une menace aussi redoutable que Napster pour le copyright des géants du disque. L’application My.MP3, celle qui était l’objet du litige, permet certes de stocker et d’écouter des morceaux à l’envi. Mais à une seule condition : que l’internaute insère le CD du morceau qu’il veut télécharger, prouvant ainsi qu’il le possède déjà, du moins pour la première écoute. Ce système baptisé "Beam-it" permet, ni plus ni moins, de retranscrire ses disques laser au format numérique et de les écouter en ligne aussi souvent qu’on le souhaite, depuis n’importe quel ordinateur. My.MP3 fonctionne comme une consigne automatique : il faut un mot de passe pour y accéder et un seul ordinateur à la fois peut l’ouvrir. À noter enfin que le PDG de mp3.com a annoncé la création d’une formule payante pour my.mp3.com, réservés aux internautes qui n’auraient pas envie de voir des publicités en utilisant l’application. Mais les utilisateurs seront-ils nombreux à payer pour écouter leurs propres disques au format numérique ?