6/11/2000 • 10h46
ARCHIVES 1.08 - Quand bol.fr sacrifie le lampiste
À l’origine, l’idée que nous avions eue était plutôt rigolote : tous les mois, tester la viabilité des sites et en déceler les failles pour s’en moquer.Par hasard, notre première victime a été bol.fr.Nous avons contacté Bol pour les avertir du résultat de notre test et comprendre comment fonctionnait leur « comité de relecture ». Bol nous a rappelé quelques heures plus tard pour nous annoncer fièrement que la relectrice avait été... licenciée !
À l’origine, l’idée que nous avions eue était plutôt rigolote : tous les mois, tester la viabilité des sites et en déceler les failles pour s’en moquer. Par hasard, notre première victime a été bol.fr. Nous voulions tester la possibilité offerte aux internautes, par le libraire en ligne français de rédiger une critique littéraire. Bol avait beau afficher de très strictes « consignes rédactionnelles » proscrivant tout les « termes injurieux, choquants ou diffamatoires », ce service n’était-il pas une tribune ouverte à tous les cinglés et autres racistes ? Nous avons décidé de faire un test grandeur nature. Et nous n’y sommes pas allés de main morte : nous avons commencé par une critique taxant les populations arabes de « peuplades paresseuses et souvent menteuses, à défaut d’être voleuses ». Elle est passée sur le site comme une lettre à la poste. Nous avons donc réitéré, versant cette fois dans l’antisémitisme le plus abject. Là encore, stupéfaction : la note a été publiée, comme la première badinerie venue.
Puis nous avons contacté Bol pour les avertir du résultat de notre test et comprendre comment fonctionnait leur « comité de relecture ». Réponse : il s’agissait en fait d’une seule personne - épaulée par un logiciel de filtrage soi-
disant intraitable avec les mots à caractère xénophobe. On nous a dit que l’employée était chargée de relire, en moyenne, 250 critiques par jour. Autant dire une mission impossible... Nous pensions que le libraire en ligne avait compris qu’il allait falloir engager quelqu’un pour seconder l’employée débordée. Erreur. Bol nous a rappelé quelques heures plus tard pour nous annoncer fièrement que la relectrice avait été... licenciée ! Ces méthodes de management « musclées » sont pour le moins surprenantes dans une entreprise de la nouvelle économie. Ces huit derniers mois, Bol a connu un turn-over très important. Faut-il y voir un lien ?
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